Indigestion d'épices ?

Dune était clairement le film le plus attendu de cette rentrée 2021.
L'ampleur de l'histoire et de son univers conjugués aux adaptations avortées, ou plus ou moins abouties,réalisées par le passé font de Dune un mythe .
Un mythe pour les fans du roman qui rêvent de voir une transposition réussie du monde hallucinant de Frank Herbert .
Un mythe pour les fans de science fiction qui espèrent un film qui saurait se démarquer de Star wars et des productions Marvel, et rivaliser avec les tous meilleurs films du genre.
Lorsque l'on apprit que ce nouveau projet de Dune était confié à Denis villeneuve, l'engouement et l'impatience montèrent d'un cran . En effet la suite ultra convainquante qu'il avait donné à Blade Runner laissait présager du meilleur pour ce projet tant fantasmé .
Avec un film de 2h35, Villeneuve fait pénétrer le spectateur dans l'univers visuel hallucinant de DUNE .
De ce point de vue l'entreprise est franchement réussie et éloigne le film de toute notion de série B grace à une photographie, des effets spéciaux et visuels incoyables et un esthétisme clinique de toute beauté .
Dans cette première partie , il pose les bases de son histoire, qui se déroule sur 4 planètes d'un univers très lointain dirigé par un mysterieux Empereur .
Le décor est planté et les différents protagonistes, les enjeux passés et à venir autour de la planète Arrakis et de l’ « Epice », sont expliqués de manière compréhensible. Ce qui était loin d'être évident ...

L'objectif est rempli grace à une narration réussie et à des acteurs qui portent leurs roles avec brio.
Le tempo, assez lent, laisse au spectateur le temps de s'immerger dans un monde incroyable, peuplé, de personnages riches et de prophéties aussi fascinantes que complexes.
On peine à imaginer l’Energie hallucinante que Villeneuve et son équipe ont du dépenser pour cette transposition cinématographique réussie de l'univers pharaonique de franck Herbert.
Cet univers est d'ailleurs si monumental que le film fait preuve d'une densité qui entrave un peu sa digestion.
L'histoire de cette première partie est un drame, au sens théâtral du terme, ou l'humour et la légèreté sont totalement et logiquement absents.
Au-delà de la formidable mise en scène de Villeneuve, la question de savoir si l'on va vraiment vouloir poursuivre cette gigantesque fresque jusqu’à son terme avec un , deux ou trois films de plus sans risquer une indigestion, se pose, tant la matière de ce qui nous est proposée est gargantuesque.
Il faut de l'estomac pour apprécier cette orgie de science fiction à grand spectacle !

Dune est donc un spectacle hallucinant, mais aussi un peu exigeant, qui ravira les vrais fans de SF et du livre mais qui peut laisser sur le bord de la route de nombreux spectateurs: les plus pragmatiques, les plus impatients , les allergiques au manichéisme, les fans inconditionnels de la nouvelles vague et du cinéma d'art et d'essai....

A titre perso, je serai là pour la deuxième partie car le spectacle proposé par Denis Villeneuve est un sacré film de Cinéma , au sens noble du terme, et à voir exclusivement sur grand écran !