Alors déjà que les choses soient claires une bonne fois pour toutes, Dune n'est pas de la Hard SF !
Que ça soit le livre de Herbert, ou cette adaptation de Villeneuve, Dune n'est jamais rentré dans la catégorie Hard SF!
Parce que je les vois venir les défenseurs du film, à défendre le côté prétendument hermétique et difficile d'accès du métrage , le genre "heu mais non t'as pas aimé parce que c'est pas un film grand public, y a pas d'action c'est de la vraie Hard sf, t'as rien compris !!!!" ). Le malentendu provient sûrement du fait que le cinema de Villeneuve ce donne des allures de cinema arty ,une esthétique d'avant-garde exigente et intello, et une austérité artificielle et poseuse.


En réalité Dune est un pur space opera, le genre grand public par excellence, le plus universel qui soit .


On peu éventuellement parler de Dark SF, mais en réalité , n'importe quel oeuvre de science-fiction traitant de distopie, d'avenir menacent ou d'une quelconque thématique adulte, flirte plus où moins avec la Dark Sf .
Les pionniers de la HSF sont des mecs comme Isaac Asimov où Arthur C. Clark et les représentants les plus modernes peuvent être considérés dans des oeuvres comme Ghost in the Shell ou A.I intelligence artificielle, des fictions caractérisées par une certaine rigueur scientifique et son extrapolation .


L'erreur première de Villeneuve est de traiter le Roman de Herbert avec une inutile aridité,en total contradiction avec le côté space opéra psychédélique de la saga littéraire , une froideur et une aseptisation généralisées qui finissent par désincarner le fond par la forme....


On peut néanmoins trouver de grandes interrogations politiques et sociétales chez Herbert, et une lecture ésotérique, ou la fameuse épice devient une métaphore de la cocaïne et du lsd , objet et épicentre de tout les conflits et véritable ressource interplanétaire, digne allégorie du trafic post guerre du Vietnam.


De nombreuses thématiques malheureusement obliterées par Villeneuve, à cause d'un aspect spirituel très bobo/Zen embarrassant .....


Avec Villeneuve la fantasy est absente, le film applique les codes du récit initiatique de manière scolaire et sans créativité, la contemplation n'est que de surface , presque publicitaire, le film n'est pas lent, il est même plutôt rushé sur certaines scènes d'exposition essentielles au déroulement du récit , créant de la sorte une impression d'un manque de croyance presque cinyque, la sensation d'un scénario en pilotage automatique et d'une structure bâclée .


Filmer dans des bunkers interchangeables ,en champ contre champ standard avec une photo flou et une colorimétrie monochrome ne fait pas de ton film un objet exigent, transformer le Baron Harkonen en simili clone du colonel Kurtz de Apocalypse now, ne rend pas le film plus ambigu, faire allusion aux peintures de David Friedrich en filmant le très fade Chalamet tel un poète maudit de l'époque du Romantisme ne donne pas de personnalité à ton film ( et Zendaya en mode pub de parfum ), autant de choix absurdes et injustifiés en dichotomie totale avec le propos de Herbert.


Le film échoue donc des 2 côtés du spectre, aussi bien du côté artistique que du côté divertissement il rejoint par le fait, la liste de ces faux classiques péblicités par la critique ou le public, ces films beaucoup trop vite ensencés, comme Joker ou Interstellar, à l'écriture emphatique et au symbolisme lourdingue et didactique , jamais vraiment profond, jamais vraiment ludique.


Il persiste quand bien même des conhérences visuelles avec le reste de la filmographie de Villeneuve plutôt intéressantes , Comme ce sound disign en sur régime, et cette manière de faire saturer les basses (depuis Blade runner 2049 et sa bo assourdissante), ici appliquée à la télépathie des Atreides , ou cette obsession des hologrammes avec ces boucliers qui changent de couleurs pendant le combat ( une idée visuelle forte qui aurait pu égaler le souvenir du sabre laser dans la mémoire des cinéphiles ) mais hélas aucune image n'est assez mémorable, tout le film est sur le même ton monotone ,uniformisé par le score quasi absent de Zimmer, la mise en scène souvent illisible , la spacalisation des scènes de bataille rendue incompréhensible par un cadrage beaucoup trop resserré, sans envergure et qui ne rend jamais vraiment justice au gigantisme des maquettes et a la production disign du directeur de la photo de Rogue One , en somme un David Lean du pauvre, un Lawrence d'Arabie timoré, qui n'assumerai jamais son format scope et son caractère épique, un traitement beaucoup trop "terre à terre" des choses (ironique pour un space Opéra...).


Bref un premier chapitre frustrant et peu convaincant, qui ne promet rien de bon pour la suite, mais bon comme l'a dit un grand sage " Whait and see!"......

Florian_FASSETTA
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le 17 janv. 2022

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