Lorsque nous apprîmes que Denis Villeneuve adapterait Dune, cela avait de doux airs de lendemain doré : mais le sable d’Arrakis, livré qu’il fut dans un glacial écrin, nous donnait alors un goût d’inachevé. Un état de fait inhérent à l’approche formelle du cinéaste, aussi grandiose serait-elle, ainsi qu’à la division de l’intrigue du roman de Frank Herbert en deux parties, la première prenant des allures de mise en place en grande pompe comme lisse. Cela garantissait toutefois un développement autrement plus probant de l’axe Paul-Fremen, là où le long-métrage culte de David Lynch condensait faute de temps.
Mais arrêtons donc de tourner autour du pot : découvert dans les conditions rêvées de l’IMAX, Dune: Part Two laisse une impression excellente à tous les niveaux, tout en conjuguant continuité et perfectionnement vis-à-vis de son aîné. Il conviendrait même de parler de claque, à tout le moins sur le plan atmosphérique, tant il s’avère étourdissant de gravité dans sa mise en scène et ses effets visuels/sonores : moins impersonnelle que précédemment, la patte Villeneuve produit ainsi du grand spectacle renvoyant dans les cordes les mastodontes communs de l’industrie hollywoodienne, et ça fait du bien.
Sa réussite relève alors de son osmose entre sa composante formelle, formidable de son état, et la montée en puissance de ses enjeux, sous couvert d’un jeu politique s’entremêlant aux arcanes mystiques de la figure de messie… créée de toutes pièces et entretenue de longue date par le Bene Gesserit. Savamment équilibré, au point même de disséminer ci et là de croustillantes fulgurances comiques, Dune: Part Two s’avère ainsi captivant d’un bout à l’autre, multipliant les séquences d’anthologie et faisant l’étalage d’une créativité dantesques : la prestance de ses costumes et décors, ou encore l’écrin binaire de Giedi Prime parachèvent le triomphe d’un projet mené de main de maître.
Déjà convaincant dans le premier opus, Timothée Chalamet fait ici montre d’un charisme en hausse tandis que Zendaya lui tient la dragée haute, tous deux têtes de proue d’une distribution largement à la hauteur de l’évènement. Peu d’ombre en somme pour ce tableau aussi aride que généreux, contrasté qu’il est entre la grâce de ses atours et une brutalité ne demandant qu’à exploser… ce qu’elle fera définitivement dans un grand final impressionnant, le duel démentiel opposant Paul à l’impitoyable Feyd-Rautha en marquant l’aboutissement. La perspective d’une guerre sainte intergalactique et les conditions de son ouverture interrogent toutefois, car maladroitement amenées : sur ce point, curiosité et espérance iront de pair quant à l’hypothétique suite que Villeneuve apportera à son diptyque.
En attendant, ne gâchons pas notre plaisir et convenons du succès indéniable du cinéaste, en l’exergue largement à la hauteur de matériau littéraire.