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Plus sombre, plus intense, plus fiévreuse. Cette suite déploie son souffle avec une audace encore plus grande. Villeneuve embrasse le chaos d’un monde en perdition, où les croyances deviennent poison, où le fanatisme pousse ses racines dans les sables. Le fondamentalisme religieux, la superstition aveugle, les prophéties cannibales : tout se referme sur Paul Atréides, messie malgré lui, pris dans l’engrenage d’une guerre qui le dépasse.


Les corps s’enlacent et se déchirent. L’amour de Paul et Chani n’a rien d’un apaisement : il est brasier, fracture, lutte entre idéal et fatalité. Chani est le cœur vibrant du désert, Paul, son ombre grandissante. Leur passion est belle, mais hérissée de doutes, blessée par l’éclat des visions, par le poids du pouvoir et des promesses qu’on n’a pas faites.


Villeneuve filme l’action comme nul autre. Jamais de trop. Chaque affrontement est sec, tranchant, sans emphase, mais d’une puissance viscérale. L’essentiel, toujours. Il n’y a pas de spectacle pour le spectacle. L’action sert l’âme, l’élan, la tragédie. Les corps à corps sont des éclairs en plein soleil, brefs et implacables.


Les séquences de poursuites à dos de vers frôlent le sacré. On vole au-dessus du vide, happé par le vent et le sable dans une fluide frénésie. Quand les héros les agrippent au galop, il n’y a plus de limites, plus de frontières entre la légende et le réel. Le cinéma touche ici quelque chose de primal, d’inouï, d'inédit.


Et cette lumière… Parlons en. La photographie ocre, somptueuse, magnifie les dunes comme un mirage funèbre rutilant. Le désert devient un vaste personnage, majestueux, indicible et cruel. Hans Zimmer, lui, sculpte une musique élégiaque, tellurique, presque sacrée. Chaque note est une incantation, un écho venu du fond des âges.


La galerie de personnages explose à nouveau l’écran. Les trois antagonistes chauves – bêtes barbares au charisme empoisonné – déploient une cruauté sans concession. Et Walken, monarque blafard, impassible, comme un spectre assis sur le néant. Chaque regard, chaque mot est une menace feutrée.


Ce deuxième volet est plus qu’une suite. C’est une montée vers l’abîme. Plus dynamique, plus tendue, plus humaine aussi. Les enjeux sont vertigineux, et pourtant tout reste à hauteur d’homme, de chair, de larmes et de sang.


Et ce final… Mythique, foudroyant. Villeneuve convoque l’épopée sans jamais trahir l’intime. L’ultime souffle du film est une promesse d’apocalypse. Un avenir rongé par la cendre. Une légende en train de se briser. Une romance en train de s'éteindre...


Dune : L’Ascension d’un Chef-d’oeuvre.

*Bruno M.

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10

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Créée

le 1 juil. 2025

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