Que Christopher Nolan arrive à expérimenter autant dans une grosse production de studio n'est pas le moindre de ses tours de force. La narration éclatée en trois temporalités confirme son obsession originelle pour la mise en scène de la perception relative du temps. À l'intérieur d'un film qui jette personnages et spectateurs au beau milieu d'un épisode de la seconde guerre mondiale, il ne s'agit évidemment pas d'un caprice d'auteur mais d'un outil d'immersion, car en vérité quatre lignes temporelles se chevauchent : les trois du film, bien sûr, mais aussi celle de la projection, du spectateur. Le temps s'accélère ou se ralentit selon l'événement, et le stress ressenti est facteur de dilatation ou de compression.
Aidé d'une mise en scène à la précision d'un mécanisme d'horloge, comme celle qui rythme tout le film, et d'images sur pellicule absolument magnifiques, Nolan signe un film nerveux et fort, sec mais s'autorisant parfois quelques plages atmosphériques pour traduire l'espoir.
Un nouveau jalon dans la représentation de la guerre au cinéma.