Autant Interstellar aura été l'un de mes films préférés de l'année 2014 et aura toujours une place particulière dans mon esprit, autant je pense oublier Dunkirk d'ici la fin de l'année. Ça m'énerve parce qu'il fait partie de ces films qui sont passés à "ça" de me plaire mais qui m'ont tellement frustrés que je ne peux pas non plus dire que je les ai aimé. Je reconnais la virtuosité de Nolan, d'un point de vue logistique et technique, son film est impressionnant, je n'ai rien à dire là dessus. Le problème est que la technique et la logistique sont sensés servir quelque chose de plus grand qu'eux, si ce n'est un scénario, au moins une intention dramatique. Ici, je n'ai absolument pas compris où le cinéaste anglais voulait en venir. Présenter la fuite des soldats anglais de Dunkerque ? Très bien, sauf que ce n'est pas le premier film qui nous propose d'étudier ce genre de chose. Peut-être pas à Dunkerque, certes, mais la fuite et le désespoir des soldats, ce n'est pas ce qui manque au cinéma, et je dois avouer ne pas avoir vu en quoi Christopher Nolan y a apporté quelque chose de neuf.
D'autant que le film est découpé en trois parties, sur trois lignes temporelles différentes et qui s'entrecoupent. Là encore, l'idée est bonne, mais je n'ai pas compris à quoi elle servait. Pour un réalisateur qui met en avant le réalisme par dessus tout, ce découpage temporel m'a plus désorienté qu'immergé. C'est bien le problème de ce film, il est tout en contradictions. Il prétend nous faire vivre ce qu'ont vécu les soldats à Dunkerque, sauf qu'on ne reste jamais assez longtemps avec eux pour s'investir émotionnellement. Du début à la fin, les personnages restent les mêmes et on a l'impression d'assister à une répétition des mêmes séquences pendant la totalité du film.
Il prétend nous faire vivre l'émotion et la tension que les soldats ont vécu durant les derniers jours à Dunkerque, sauf qu'il est impossible de créer un quelconque lien avec les personnages tant ces derniers sont génériques et peu développés. Le personnage de Fionn Whitehead cherche à fuir pendant 1h47, le personnage de Tom Hardy donne des indications de vol avec un masque sur 90% du visage pendant 1h47, et le personnage de Mark Rylance essaye d'atteindre la côte sur son bateau personnel pendant 1h47. Bien sûr, je schématise, il arrive bien quelques péripéties par ci par là, mais elles sont tellement génériques et attendues que j'ai passé tout le film à attendre la scène suivante.
Evidemment, Christopher Nolan oblige, il y a bien entendu quelques moments de bravoure, notamment les séquences aériennes ou quelques séquence sur la jetée, mais rien de bien extraordinaire. Et, qu'on me comprenne bien, je ne voulais pas d'un film d'action et ne m'attendais pas à un film d'action. Je savais très bien en entrant dans la salle que je n'allais pas regarder La Ligne Rouge ou Il faut sauver le soldat Ryan. Seulement, je ne m'attendais pas à autant d'austérité émotionnelle et aussi peu d'investissement vis à vis de ce film tant celui ci m'a laissé de marbre.
Je reconnais donc les qualités techniques de Dunkerque mais lui reproche une intention dramatique trop extrême, empêchant tout engagement émotionnel, du moins pour ma part.
Un film à voir tout de même, mais en sachant à quoi s'attendre.