Redoutable ...

En quête d'aventures humaines et surtout sexuelles, un quadra rode dans la Gare du Nord à la recherche d'une proie potentielle ...

Robin Campillo ne filme pas le désir, il ne filme pas non plus la vulgarité, il filme l'envie et c'est tout à fait différent. Il y a de quoi être très partagé quant à la morale que propose Eastern Boys, tant son sujet peut être répugnant dans un premier temps, puis ambigu dans sa seconde partie.
La relation entre les deux hommes captive justement parce qu'elle est aux antipodes de tout ce que l'on voit sans cesse au cinéma. Néanmoins s'il demeure difficile de cautionner la prostitution, il est bien plus facile d'accepter le besoin d'amour d'un être humain. C'est en cela que Eastern Boys demeure redoutable, parce qu'il nous emporte dans son ambiguïté, nous amenant au questionnement personnel. Tout ceci dans le sujet très sensible des sans-papiers et du proxénétisme.

Si l'écriture du film déroute un peu dans ses contrastes, l'ambiance visuelle quant à elle permet au spectateur de ressentir les émotions et les états d'esprits des protagonistes. Les décors immaculés, sobres, puis plus chauds et réconfortants, à l'image du personnage de Daniel qui évolue. Le face à face entre les deux acteurs s'avère quant à lui très efficace, l'un est un homme qui impose avec sa carrure, l'autre est une brindille, un jeune éphèbe lumineux.

Déconcertant c'est certains, une autre chose qui est sûre également, c'est que Eastern Boys ne laisse pas indifférent, et que l'on en ressort avec un avis très personnel et possiblement partagé.