Une robe, un gilet et quelques notes de fantaisie

Sorti en 1951 Edouard et Caroline ressemble à une petite anomalie, fort agréable dans l'histoire du cinéma français. Comédie d'intérieurs (seuls deux décors servent les scènes), le métrage est une sorte de farce sentimentale, bondissante, rebondissante, empruntant toute son énergie aux Screwball comédies Us des années 1930.

Passée la présentation (rapide) des deux personnages, l'introduction est déjà un ballet entre Edouard au piano, et Caroline virevoltante à demi dévêtue, essayant une tenue de soirée défraichie. Les époux se frôlent, se querellent puis s'embrassent à propos d'une réception à laquelle ils doivent se rendre, de fleurs qu'il faut aller acheter. Le ton est tout à fait délicieux , les poses sensuelles, ce début ravit déjà.

Ce soir là Edouard (Daniel Gélin) pianiste en devenir mais désargenté et Caroline (Anne Vernon), issue d'une famille plus bourgeoise, sont conviés chez l'oncle fortuné de cette dernière. Le jeune homme animera la soirée au piano et entend s'y faire remarquer.

Mais voilà , elle n'a que cette une robe un peu démodée, et lui n'a plus de gilet, on s'agace donc...finalement Edouard part seul à la réception. Caroline l'y rejoindra, conduite par son cousin, épris d'elle. Chacun est courtisé par un ou une autre, on se déchire, on veut même divorcer !

Evidemment, il n'est pas aisé de déployer une telle frénésie tout au long d'un métrage (même cour)t et parfois le rythme baisse quelque peu, mais tout du long, les situations cocasses se mêlent aux bons mots, composant des scènes tantôt burlesques, tantôt plus émouvantes.

Chacun y est moqué gentiment, les bourgeois un peu benêts pour certains, un peu cocus pour d'autres, les moins fortunés, un peu top respectueux, mais tous très attentifs avant tout à l'image qu'ils renvoient.

Au final, Edouard et Caroline est une comédie de boulevard tout à fait attachante qui rappelle parfois le cinéma d'Ophüls dont et ce n'est évidemment pas un hasard, Annette Wademant,( la co-scénariste et compagne de Becker à l'époque -qui dit-on s'est beaucoup inspirée ici de son propre couple) écrira les deux derniers films

Yoshii
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le 8 janv. 2024

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