Bon, l’ensemble est assez amateur, en témoigne ces dix premières minutes faites de plans serrés et de scènes du quotidien qui nous rappellerons les projets de fin d'année des étudiants cinéma (notamment quand elle filme les deux amies assises sur un banc, passent quelques minutes et ce même banc est utilisé pour annoncer le décès d'une des deux... Qui n'a jamais eu cette idée de mise en scène qu'il pensait novatrice et unique !). On sent que Scarlett Johansson a simplement su s’entourer d’une bonne équipe de tournage pour son premier film, mais qu’elle a voulu garder la main sur tout le reste. La mise en scène est pauvre voire inerte; heureusement que les acteurs sont là pour rattraper le coup.
Et encore, la plupart n’ont pas le temps de réellement s’exprimer tant les plans lors des dialogues s’enchaînent : un personnage n’a même pas dit deux phrases qu’on filme déjà la réaction de son interlocuteur.
Pour la partie émotion à la fin du film, ce n’est pas génial non plus. En plus d’être là uniquement pour vous laisser sur le cul en guise de conclusion et vous convaincre que l’entièreté du film était profonde, ce n’est même pas une scène émouvante. Du moins, elle ne l’est pas pour tous ceux qui auraient déjà vu des témoignages de véritables survivants de l’Holocauste dans Shoah, Les Derniers Jours ou d’autres documentaires sur le sujet. L’actrice de Bessie abuse tellement de la dramaturgie qu’elle en perd son authenticité et sa justesse.
Pour le reste (la relation mère-fille, la vieillesse, le judaïsme, le deuil...) c'est plutôt maîtrisé mais sans prendre de risque, tout repose sur les épaules du génial duo hétéroclite (June Squibb et Erin Kellyman) qui rythme le film par son originalité et sa pureté.
Enfin, une petite pensée pour cette bande originale atroce, d’une lourdeur gênante avec ses mélodies de piano présentes uniquement pour nous assister, mais je développerai cette fâcheuse habitude du cinéma étatsunien dans une future critique à propos d'un film qui va faire sensation par son aspect coup de poing....