Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
Par
le 26 mai 2016
105 j'aime
14
Elle ?
Moi, comme Michèle, l'héroïne de ce film, je reconnais qu'il faut parfois avouer ses erreurs : j'avais mal apprécié ce film que j'avais un tantinet brocardé à première vision.
Peut-être étais-je aussi dans un ce ces jours où la terre entière vous semble s'être liguée contre vous ?
Peut-être aussi le titre assez "nouvelle vague du cinéma", l'introduction assez longue et molle de cette aventure, ajoutés au fait qu'Huppert ne fait pas dans le style marrant- marrant (genre Moreau, ou Audran plutôt que Coluche en jupons) m'avaient peut-être fait jeter l'éponge un peu trop vite, mais je n'avais pas accroché à ce film. Et comme il est beaucoup plus difficile de faire une comédie marrante qu'un récit dramatique, j'ai tendance à avoir plus d'empathie pour les réalisateurs qui s'attellent à vous faire voir bleu un ciel qui est noir...
Je ne sais plus quel réalisateur confiait que si dans les cinq premières minutes d'un film, on n'a pas réussi à accrocher le spectateur à son scénario, c'est très compromis pour la suite.
Ben c'est le cas ici où on se demande quelle histoire on veut nous faire ingurgiter
Michèle l'héroïne, qui se fait eng... par une copine "de lui avoir emprunté son mec", au lieu de se défendre ou chercher des excuses, lui concède tout de go : "Tu as raison, c'est moche... et même pire. J'avais envie de faire l'amour".
Là est un des intérêts de ce film : Michèle est toujours où on ne l'attend pas ! On la viole ? Elle n'en fait pas un drame et au lieu de (...) elle fait le contraire. Et c'est tout le long comme ça !
Encore que les femmes sont incompréhensibles pour beaucoup d'hommes.
Lesquels s'évertuent à vouloir se mettre à leur place au-lieu de les aimer tout simplement, ce qu'elles attendent tout benoîtement.
Dans cette version incompréhensible de la femme : Isabelle Huppert qui signe là un de ses meilleurs rôles. Peut-être même le meilleur...De toutes celles pressenties (dont Cotillard) il est probable qu'il n'y avait pas meilleur choix.
"12 semaines de travail exténuantes" confesse-t-elle mais au-cours desquelles elle s'est fondue telle un caméléon dans son environnement, au personnage de Philippe Djian, imaginé par l'auteur du livre dont s'est inspiré Verhoeven pour réaliser ce film...
Quel esprit tordu, ! Et c'est en l'espèce un compliment !
Le réalisateur a su tirer le meilleur parti de cet écheveau de situations mélangeant les intrigues, le rêve et la réalité, la multiplication des hypothèses... Amateurs de simplicité s'abstenir.
J'avais cru comprendre (avant de décocher naguère) à la première fois, qu'il s'agissait d'un énième film sur un pseudo-viol...
Or il y a une énigme à la Hitchcock dans ce récit : qui est donc ce criminel masqué et sadique qui va renouveler son forfait ? Dommage quand même qu'à la manière du grand Alfred, Verhoeven n'ait pas multiplié les fausses pistes pour exploiter plus le côté policier de l'intrigue mais a préféré se fourvoyer dans d'autres pistes tous azimuts. Mais ne refaisons pas le match...
Surtout si vous voulez capter ce film, ne cherchez pas à trop comprendre car ce scénario est truffé d'invraisemblances.
Mais pas inintéressant si l'on se débarrasse de cet esprit cartésien qu'on nous a inculqué. Les césars qu'il s'est vus attribuer ne sont pas cette fois des médailles en chocolat...
Si l'on excepte quelques menues erreurs de casting, le choix des acteurs est un modèle du genre :
Alice Isaaz m'a beaucoup impressionné dans un rôle pourtant secondaire.
Les images, la photo sont excellents, mais le réalisateur n'a pas eu trop à se forcer : cinq semaines dans une villa de Saint-Germain en Laye... On pourrait presque faire une pièce de théâtre avec un tel scénario, ce qui nous prive de pas mal d'extérieurs mais n'était--ce pas la même chose dans Psychose de Hitchcock ?
Quant à la musique, on se réjouit qu'elle n'entre pas en compétition avec le côté intimiste de cette réalisation.
Ce n'est pas en France qu'a été assuré le succès commercial de cet film (125 % de rentabilité mondiale) avec 636 312 entrées en salles...
Les français seraient-ils trop cartésiens ? Ou pas assez ouverts ?
Arte le 16.05.2022
Créée
le 23 mai 2022
Critique lue 98 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Elle
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
Par
le 26 mai 2016
105 j'aime
14
Évidemment qu’on salivait, pensez donc. Paul Verhoeven qui signe son grand retour après des années d’absence en filmant Isabelle Huppert dans une histoire de perversions adaptée de Philippe Djan,...
Par
le 27 mai 2016
86 j'aime
5
On pourra sans doute évoquer une manière de féminisme inversé et très personnel – à peine paradoxal chez Verhoeven : on se souvient de la princesse de la baraque à frites dans Spetters, qui essayait...
Par
le 3 juin 2016
73 j'aime
20
Du même critique
Tu te laves toi après avoir fait l'amour ? Ben oui, pourquoi ? (suite ci-après Ben parce que tu devrais baiser plus souvent !Ce film commente deux choses : la sortie du film "Gorge Profonde" en...
Par
le 19 août 2022
8 j'aime
13
La Baule ? Sans le punching !La réalisatrice et aussi co-scénariste (ça fait déjà beaucoup !) avait très mal vécu jadis le divorce de ses parents quand elle avait douze ans... De là à faire de...
Par
le 20 janv. 2021
8 j'aime
13
Malgré toutes mes recherches, je n'ai pas réussi à savoir pourquoi ce si beau film avait été affublé d'un titre aussi neuneu ! C'est même la seule chose ratée dans cette oeuvre ! Certes, l'histoire...
Par
le 21 déc. 2019
8 j'aime