En Avant Guigamp

En 2014, le club de foot de l'En Avant Guingamp, étendard de la passion du ballon rond dans les Côtes-d'Armor gagnait la finale de la Coupe de France. Une grande aventure pour eux. Mais pour moi, spectateur lambda qui aime le foot sans être investi dans ce club breton rouge et noir, c'était qu'un simple résultat sympathique sur la page des "scores en direct" d'Eurosport.

L'histoire de ce film a le même effet sur moi que l'aventure du club. Folle, magistrale, initiatique et rocambolesque pour les protagonistes, un bon moment sans plus, un investissement émotionnel limité mais toujours avec l'envie de voire une fin heureuse pour le spectateur que je suis. Leur aventure n'est pas devenue notre aventure.

J'ai, quand j'ai visionné En Avant, eu cette impression de jouer à un jeu de Playstation 1, où le décor apparaissait lorsqu'on avançait et disparaissait dans le dos du personnage au fur et à mesure. J'ai vécu leur expérience, mais je n'ai pas senti que celle-ci était intégrée dans l'univers du film. Comme si leurs actions n'avaient aucun impact sur le monde extérieur et inversement. Comme si le parcours des deux héros était un projet de game design pas abouti et pas encore intégré au monde définitif construit pour l'occasion. Ils étaient isolés. L'effet était peut être voulu mais ne m'a pas permis de croire ce que je voyais. Je n'avais en face de moi, qu'une map d'un jeu Sony avec les checkpoints de boss de niveau et boss final. N'arrivant pas à croire que pendant ce temps, les voisins de leur quartier, les élèves de leur lycée évoluaient, vivaient eux aussi leur aventure du quotidien. Ils attendaient juste dans une salle d'attente toute sombre leur modélisation quand l'histoire leur demandera d'apparaître, un ticket avec un numéro à la main.

Ce n'est que quand le parcours de nos deux hommes bleutés s'intègre au monde autour d'eux que l'émotion vient et les larmes apparaissent. Malgré le caractère mineur du film pour le studio, on reconnaît toujours la force et leur savoir-faire. Quoi qu'il se passe, à la fin, nos poils s'hérissent.

Comme devant ma télé lors des deux buts victorieux, sans m'en rendre compte, j'avais quand même créé un lien avec les personnages. Lors du coup de sifflet final pour les hommes aux crampons ou pour nos deux frères, en dépit de matchs laborieux, pas très passionnants, la victoire finale et son effluve d'émotion triomphent.

Révélation : Le club de foot partage avec le film un titre, une dénomination mais aussi un environnement : des terres de légendes, de contes, propices aux trolls et aux fées. Et si en écrivant cette critique j'avais trouvé l'ultime secret, Ian et Barley sont de bons petits Guingampaits. Le film nous narre une réalité alternative à cette grande bourgade bretonne, terre de tous les exploits, footballistiques ou fantastiques . Je vous conseille de revisionner le film, il doit surement se cacher un Gwenn ha Du (drapeau breton) quelque part.