En avant
6.8
En avant

Long-métrage d'animation de Dan Scanlon (2020)

En avant, oui, mais est-ce au cœur d’un monde de rêve ?

Onward, ou En avant, en français, narre l’histoire de Ian, un jeune elfe adolescent, au sein d’un monde, où la magie d’antan, au cœur d’un univers tout droit sorti du Seigneur des anneaux, peuplé de créatures fantastiques, s’est vu s’éteindre, et disparaitre, pour devenir, suite à l’évolution du dit-monde, et à l’implantation de commodités identiques aux nôtres, un orbe qui adopte les coutumes, et le mode de vie humains.


Dans ce nouveau monde, ce dernier, vivant avec sa mère, et son grand frère, Barley, un elfe complètement resté à l’ère de ce cosmos mystique et occulte, va se voir octroyer un objet qui changera à jamais le cours de sa destinée : un présent de son père décédé, le jour de son seizième anniversaire. Suite à cela, Ian, qui pensait que son frère divaguait en croyant que les faits magiques existaient encore à cette ère moderne, va se voir complètement happer dans ce monde en réalisant qu’il a, tout comme son défunt père, des pouvoirs de mage. Ces pouvoirs vont lui permettre d’accomplir l’offrande de leur paternel : le ramener à la vie, le temps d’une journée. Ceci va constituer, en partie intégrante, la quête que va se voir confier Ian, épaulé par son frangin, au creux d’une aventure, où la magie est reine.


Alors que dire sur ce film, si ce n’est que Pixar, une nouvelle fois, n’a pas perdu la main. Ce studio me surprendra toujours, tant par sa capacité à diversifier autant ses univers, sur une aussi large palette, que de conserver son essence basique, et de l’incorporer dans chacune de leur œuvre, d’environnement divers, aussi ingénieusement, qu’harmonieusement, reflétant la partie primordiale de leur cœur : l’apport d’une morale au sein d’une histoire mature, qui ciblera les jeunes, comme les adultes, et qui ne pourra t’être que vecteur de positivisme, et de vertus, peu importe la nature et l’ambiance de l’histoire.


Dans le cas présent, il s’agit d’une morale assez vue et revue, mais au sein d’un contexte différent et original, que l’on n’a pas l’habitude de voir, habituellement, sous cet angle : apprendre à surmonter ses peurs, et à se dépasser, en ayant, au fil de l’épopée, davantage de confiance en soi ; mais, dans le cas présent, l’originalité selon moi, est lié au frère qui va lui permettre, tout au long de leur périple, de croire en la magie, et, par ricochet, d’apprendre à croire en lui, et à se dépasser, physiquement, et psychiquement, puisque la magie fait partie inhérente de leur personnalité, d’un point de vue concret pour Ian, et culturel et religieuse, pour Barley.


Pour moi, l’aspect original et qui diffère, dans cette morale pourtant basique, réside, en effet, dans le choix du personnage de soutien, puisqu’il est rare que ce dernier soit un parent si proche. Cette relation est d’ailleurs ce qui représente, selon moi, l’épicentre, et l’âme même de l’histoire, car Barley va pouvoir s’affirmer en appliquant ses connaissances en terme de magie pure, que tout le monde pensait obsolète, voire inexistante, tout en faisant en sorte que son frère renoue avec elle, et ait confiance en elle, puisqu’il faisait partie de toutes ces personnes qui la croyait irréelle, et peu crédible, dû au fait qu’elle n’était plus pratiquée par quiconque, tout en le prenant, un tantinet, pour un looser et un arriéré, à cause de cette histoire. Barlay, mesuré et patient, va non seulement parvenir à ressouder les liens entre la magie et son frère, mais va également la faire renaître dans le cœur des gens, par l’intermédiaire de son frangin, en leur faisant comprendre qu’elle n’a jamais cessé d’exister, malgré les nouvelles coutumes, puisque l’on ne peut réellement oublier, et ne pas être en manque, de ce qui constitue nos racines premières, et de ce qui nous a forgés. Tout au long de cette aventure, et de la manière dont elle évolue, Ian se rendra compte qu’il n’a pas eu besoin de connaître, réellement, le père qu’il n’a jamais connu, et qu’il aurait aimé connaître, puisqu’il s’apercevra, réalisera, et prendra conscience, qu’il avait déjà trouvé, comme un père de substitution : son ange gardien et la personne qui veillait constamment sur lui : ce dit-frangin. Cette relation est extrêmement touchante, et évolue progressivement et harmonieusement tout le long du film, afin de le cimenter au mieux. De plus, les nouveaux environnements, et les nouvelles ambiances, permettent de placer cette morale, dans un tout nouveau contexte, au creux d’une résolution tout autre, accouplée à des péripéties qui ne détiennent pas d’équivalent au sein de leur studio. Ceci permet de la dépeindre sous une toute autre dimension, ce qui octroiera la possibilité de la découvrir, la déchiffrer, et l‘interpréter, sous un œil nouveau, pouvant parler à davantage de personnes, puisque beaucoup peuvent se reconnaitre ou s’identifier, dans ce type de production, du fait qu’elle porte sur ce monde onirique et fantastique, qui plaît énormément au sein de l’art en général, étant donné que l’on est souvent assez familiarisé avec ce genre artistique.


Pour aborder le sujet du synopsis en général, il est palpitant, débordant d’actions, de magie, et d’émotions, avec des dénouements, et des résolutions parfois insolites et inattendues. J’avais la réelle sensation de vivre une expérience de RPG, fondée sur une quête principale, avec de toutes petites quêtes secondaires, jusqu’à parvenir à la résolution finale :


pouvoir dire adieu à ce père si primordial, et faire comprendre, à ces deux frères, où, au premier abord, tout semble les opposer, qu’ils sont au final, bien plus proche qu’ils en ont l’air, voire qu’ils ne formèrent plus qu’une seule et même unité, au creux d’une alchimie Yin/Yang, parfaite ; Barley aidant son frère à maîtriser ses pouvoirs, et à dépasser ses angoisses, et ses doutes, en lui enseignant comment avoir confiance lui, même en ce genre de situations, complètement fortuites ; et Ian, faisant ressentir, sans le savoir, le sérieux des connaissances de son frère, et sa reconnaissance finale, qui témoignent toute l’importance que Barley a pour lui.


La scène finale avant l’épilogue marquant la résolution de tout, est d’ailleurs la scène qui m’a le plus émue, tellement l’orchestration était fluide, touchante, et harmonieuse en très peu de temps. Ceci m’a conforté, une nouvelle fois, sur l’idée du talent que Pixar a pour transmettre des ressentis intenses, mais aussi des péripéties, en les incorporant comme il se doit vis-à-vis de leur synopsis, en un temps record, et de façon intelligente, qui ne pourra jamais réellement, procurer une once d’ennui, de par la manière dont cela est maîtrisé, et manœuvré.


Ce qui m’a davantage surpris, et qui confirme, personnellement, l’influence, et l’art positifs que Pixar m’apporte, est le fait de m’avoir fait apprécier un genre auquel je n’adhère foncièrement pas dans le septième art : le fantastique/fantasy. J’ai d’ailleurs trouvé que cela pouvait s’apparenter à la saga Harry Potter, saga auquel je n’éprouve aucun attachement, vis-à-vis de la prononciation de certains sorts, la manière de les mettre en œuvre, et la façon dont tout ceci s’opère ; et cette allusion que j’ai relevée, suite à mon propre visionnage, ne m’a aucunement freiné lors de ce dernier, ni n’a modifié, en aucun cas, mon appréciation du film, que j’ai beaucoup aimé. J’attends Soul avec impatience, ne me faisant pas trop de soucis, n’ayant jamais été vraiment déçue, par le studio, ni trouver que Pixar ait réellement fait un navet. Qui plus est, je resterais, je crois, toujours aussi agréablement surprise, par la manière dont Pixar a de se diversifier, et d’étendre ses horizons, à ce point, sur tout thème, en les traitant, conformément à leur savoir-faire, afin que cela s’associe aussi judicieusement, et mélodieusement, peu-importe l’univers dont cela s’inspire. Il est l’unique studio, à me procurer une dimension pareille, tant sur le plan émotionnelle, artistique, que magique, merveilleux, et onirique.


Pour conclure, je recommande chaudement ce film, surtout si vous êtes un/une adepte de fantastique/fantasy, de créatures fantastiques, en tout genre, d’aventure, de rebondissements inattendus, d’émotions, et de notions de RPG, proposé par ce synopsis, sous forme d’un canevas de procédés et de caractéristiques, propre à ce type de jeu de rôle, s’illustrant par une quête principale, et par des quêtes bien plus secondaires, tout en y incorporant une substance de casse-tête, d’énigmes, et de gestion, au sein d’une magie aussi riche, variée, que prolifique, dans un environnement bien reconnaissable, de ce genre de divertissement.

Garfieldthecat
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le 24 avr. 2020

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