Comme quoi, il faut savoir dépasser les préjugés parfois... Plus que réticent à l'idée de découvrir le cinéma de Judd Apatow, j'en suis devenu aujourd'hui un (presque) réel amateur, ce « En cloque, mode d'emploi » n'ayant fait que confirmer mes bonnes dispositions après l'excellente surprise qu'avait déjà pu être « 40 ans, toujours puceau » (et ce malgré des titres bien horribles à chaque fois comme vous l'aurez remarqué par vous-même). Ce n'est pourtant pas que l'on puisse qualifier Apatow d'élégant, et d'ailleurs la mise en image de chacun de ses films laisse toujours plus ou moins à désirer. Mais pour une fois cela finalement passe plutôt bien, cette faiblesse chronique étant finalement effacé par bien d'autres qualités également essentiels. L'humour avant tout bien sur : car difficile aujourd'hui dans le paysage américain de trouver beaucoup plus réjouissant que ce déluge de vannes et de répliques souvent venues d'ailleurs, qui plus est lancées à la volée par une troupe d'acteurs toujours aussi irrésistibles (les sublimes Katherine Heigl et Leslie Mann bien sur, mais comment oublier ne serait-ce Seth Rogen, Paul Rudd et Jonah Hill pour ne citer qu'eux), mais il serait dommage de limiter le film à ce simple aspect. Car mine de rien, il n'est vraiment pas interdit d'entrevoir une certaine sensibilité à travers quelques moments assez délicieux certes assez souvent cachés derrière un gag, mais pourtant bien réel et sachant saisir avec malice de nombreuses scènes du quotidien ainsi que quelques sujets de société loin d'être inintéressants. Une œuvre finalement assez mature et qu'on aurait presque envie de qualifier d'intelligente malgré des lourdeurs plus ou moins inévitables, mais qui fait en tout cas bien plaisir à voir et à entendre : ce sont les réalisateurs français qui devraient s'en inspirer... Savoureux.