Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

En Première Ligne se présente comme un film de fiction — et non un documentaire — sur un sujet brûlant : la crise hospitalière, entre difficultés financières et pénurie de personnel. À travers le parcours d’une infirmière, le film plonge le spectateur dans une journée type, ou plutôt dans une journée désastreuse, où tout semble concourir à illustrer l’effondrement du système. Pourtant, c’est précisément dans cette accumulation de malheurs que le film perd en crédibilité, basculant parfois dans une surenchère qui dessert son propre message.


Une journée dans l’enfer hospitalier

On suit l’héroïne, infirmière dévouée, dans sa tournée quotidienne : une vingtaine de patients à soigner, réconforter, écouter. Sauf que, très vite, le réalisme cède la place à une forme d’exagération systématique. L’hôpital est en sous-effectif, c’est un fait. Mais ici, l’infirmière incarne à elle seule tous les métiers : elle remplace les agents de sécurité, les brancardiers, les standardistes, les aides-soignants… Elle est partout, tout le temps, et pourtant jamais là où elle devrait être. Le film montre une professionnelle seule face à tout — patients, familles, médecins —, transformant sa journée en un calvaire sans répit.


Un réalisme qui vire à l’invraisemblance

Bien sûr, la crise des hôpitaux est une réalité. Bien sûr, le personnel soignant est sous pression. Mais *En Première Ligne* pousse le curseur si loin que le scénario en devient presque irréaliste. Comment une seule personne pourrait-elle assumer autant de rôles ? La gestion du temps, déjà chaotique par nature, est filmée de manière si décousue qu’on peine à comprendre comment les heures ont pu filer aussi vite. Les scènes s’enchaînent à un rythme effréné, comme si le film cherchait à tout prix à nous étourdir pour mieux nous convaincre.

Des problèmes personnels pour alourdir le tableau

Comme si les tensions professionnelles ne suffisaient pas, le scénario ajoute une couche de drames personnels : une pause volée pour appeler son ex-mari, une conversation qui se termine mal, une fille qui lui raccroche au nez. Le message est clair : non contente d’être écrasée par son travail, l’infirmière doit aussi porter le poids d’une vie privée en lambeaux. Le problème ? Cette accumulation de malheurs finit par ressembler à une checklist des clichés du « personnage martyr ». On sort du film avec l’impression d’avoir assisté à une succession de coups bas, comme si le réalisme social ne pouvait exister sans une dose de misérabilisme.


Un film qui rate sa cible

Le paradoxe, c’est que En Première Ligne part d’une intention louable : dénoncer les conditions de travail dans les hôpitaux. Mais en forçant le trait, il risque de lasser, voire de braquer le spectateur. Au lieu de susciter l’empathie, cette surenchère donne l’impression d’un plaidoyer mal dosé, où la nuance a été sacrifiée sur l’autel du pathos.


En Première Ligne aborde un sujet crucial, mais peine à trouver le bon équilibre entre réalisme et dramatisation. Dommage, car le fond mérite mieux que cette forme parfois tape-à-l’œil.


Benjamin1507
4
Écrit par

Créée

le 2 oct. 2025

Critique lue 86 fois

Benjamin

Écrit par

Critique lue 86 fois

1

D'autres avis sur En première ligne

En première ligne

En première ligne

le 11 sept. 2025

Probablement pire qu’ un marathon quotidien !

Traiter du métier d’infirmier.ère est complexe, difficile et peu porteur au niveau du cinéma ! Ce long métrage honnête , au net et concis , réussit cela sans esbroufe et avec la force de l’ amour du...

En première ligne

En première ligne

le 3 oct. 2025

Pour ceux qu'on a applaudi

Qui est le film ? Avec Heldin, Petra Volpe s’écarte de la fresque historique (L’Ordre divin) et du film choral (Frieden) pour se concentrer sur une unité de temps et de lieu étouffante : une journée...

En première ligne

En première ligne

le 27 août 2025

On en sort vidé, sans solution, comme après une garde de nuit trop longue...

🔴 Me retrouver sur https://www.youtube.com/@Cin%C3%A9masansfard Un film qui commence par un bruit. Pas par une musique, pas par un plan léché. Juste ce bip, régulier, presque insolent. L’hôpital, ce...

Du même critique

En première ligne

En première ligne

le 2 oct. 2025

Un portrait réaliste, mais caricatural

En Première Ligne se présente comme un film de fiction — et non un documentaire — sur un sujet brûlant : la crise hospitalière, entre difficultés financières et pénurie de personnel. À travers le...

Sur le chemin de l'école

Sur le chemin de l'école

le 23 nov. 2025

Un documentaire nécessaire

Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson m’a plutôt ému, alors que je craignais un traitement trop sentimental ou mièvre. Le parcours de ces quatre enfants, d’une tenacité et d’un courage...

À bout de souffle

À bout de souffle

le 23 nov. 2025

Un ovni cinématographique qui m’a laissé de marbre

À bout de souffle est pour moi un ovni, mais pas forcément dans le bon sens. Ayant d’abord découvert Nouvelle Vague (le film de 2025 sur la genèse de ce chef-d’œuvre), j’ai abordé l’original de...