Quarantine, John Erick Doodle, U.S.A, 2008, 1 h 29

Moins d’un an après le succès surprise de « [REC] », Hollywood propose déjà sa version. Symptomatique de tout ce qui va mal dans la production horrifique américaine de l’époque, « Quarantine » s’avère une œuvre inutile, qui n’apporte rien, ni au genre de l’Horreur, ni au concept du Found Footage. Au contraire même, ce dernier devient carrément caduc par l’utilisation d’une caméra qui ne laisse jamais l’opportunité de croire qu’une seule personne filme avec la caméra d’une télé locale. De très bonne qualité, l’image ne permet à aucun moment l’immersion nécessaire à ce style de métrage.


Le film se contente de reprendre son modèle sans y apporter vraiment du neuf. Si le récit essaye tant bien que mal de proposer des explications sur l’étrange mal, il se perd dans une multiplication de potentielles raisons, pour au final rejouer la scène finale de « [REC] » sans aucune logique. Cela laisse soupçonner que l’idée de conserver le mystère inexplicable apparaissait insuffisante pour proposer un spectacle efficace. Oui, le specateurice est clairement pris pour un.e con.ne.


À aucun moment le film ne fait peur, multipliant jump scare et séquences voulument horrifiques. Tout tombe sans cesse à l’eau, et le métrage s’enfonce inexorablement dans les méandres de la pâle copie qui ressemble de plus en plus à un gros gâchis de temps et d’argent. C’est alors qu’il est intéressant de s’arrêter sur son budget de 12 millions de dollars, quand l’original s’en sortait avec 1,5 million d’euros. Injecter de la thune ne fait pas de miracle, lorsque derrière la caméra il n’y a pas une cohésion et surtout une bonne dose de talent.


Inutile de tirer sur l’ambulance, mais John Erick Doodle n’est pas Paco Plaza et encore moins Jaume Balagueró. S’il sait emballer des films corrects, qui constituent une filmographie passable, mais sans grand intérêt, il lui manque clairement derrière ce « Quarantine » une démarche artistique digne de ce nom. Le concept même s’avère inexploité, car ce qui est mis en boite n’est rien d’autre qu’une redite, américanisée à outrance, qui piétine allègrement tout le charme de l’original, au point d’en devenir absurde, voir insultant. Pour exemple, la journaliste se nomme également Angela Vidal (qu’elle prononce « Vaïdeul ») et n’a visiblement aucune origine latine…


Au milieu de tout ça, les acteurices jouent un peu comme ils peuvent, sans grande réussite. Jennifer Carpenter n’arrive jamais vraiment à convaincre et feint un naturel qui ne passe pas. Les pompiers en font des caisses, ce qui est à mettre en lien avec le fait que depuis le 11 septembre le statut des combattants du feu à beaucoup changé aux U.S.A, mais là c’est too much. Jamais les habitants de la résidence ne parviennent à faire croire que ce sont de vrais gens, ce que la caméra n’aide de toute façon en rien. Beaucoup trop propres, très peu gore, seuls les maquillages valent le détour, mais c’est là un bien maigre argument.


Cet échec (sur toute la ligne) ne permet qu’une seule chose : illustrer à quel point le cinéma horrifique hollywoodien des années 2000 était en panne. Symptôme d’un vide artistique, d’une absence totale d’audace, de zéro prise de risque et surtout, aucune vision. Le film connaitra quand même un petit succès, grâce à la notoriété de son modèle, car le pari était déjà gagné d’avance. Cela rend d’autant plus frustrant toute cette entreprise et le fait que personne n’ait démontré l’effort d’innover, alors que la réussite, aussi modeste soit-elle, était quasiment assurée.


Circulez, y’a rien à voir…


-Stork._

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le 19 août 2021

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