Après Training day et Tropa de elite cette semaine, pour poursuivre mon exploration du genre policier, j'ai opté pour End of watch. J'en avais entendu du bien, et c'est réalisé et écrit par le scénariste de Training day justement, David Ayer. Quelqu'un sur Senscritique comparait End of watch à San Andreas, en mal, mais moi j'adore l'ambiance de ce GTA ! J'étais carrément partant.
Ce que je ne savais pas, c'est que la grande majorité du film est composé de found footage. Putain, mais non... De plus l'excuse pour la présence de la caméra est complètement bidon, l'un des deux héros, Brian Taylor, parle d'études en cinéma... mais vu comme il filme (la caméra à l'envers parfois), j'espère qu'il a été recalé.
Quel hasard, les gangstas aussi filment leurs exactions, ils gardent même leur caméra au poing quand ils shootent des policiers, c'est n'importe quoi.
Mais même quand on ne voit pas à travers l'objectif de la caméra d'un des personnages, c'est filmé de façon faussement amateur, ça tremble, ça bouge dans tous les sens, les cadres sont moches, avec des amorces qui bloquent le champ de vision, et des courtes focales tout près des visages.
En plus de ça, le montage est bordélique, c'est très cut, on a l'impression que les plans démarrent à n'importe quel moment, sans tenir compte des zooms et mouvements intempestifs. C'est censé donner du dynamisme au film je suppose, mais ça m'a surtout pris la tête. A cela, il faut ajouter dans certaines scènes le fait que les répliques des personnages se chevauchent, dans un brouhaha qui achève de faire mal au crâne.
Putain mais ça fait chier, pourquoi avoir choisi un procédé de "mise en scène" (avec de gros guillemets) que le found footage ? Ca n'apporte absolument rien au film, qui aurait bien mieux fonctionné sans ce gimmick à la con.
Heureusement, je ne suis pas le seul à m’en plaindre, j’ai trouvé cet article du Guardian qui fait une remarque pertinente sur la justification absurde donnée par Ayer : http://www.theguardian.com/film/2012/nov/23/end-of-watch-found-footage
End of watch débute par un speech du héros sur la police et la loi, etc. On sent le discours factice, calibré par le scénariste pour sembler cool, mais quoi qu’il en soit, dès que le film à proprement parler commence, c’est une toute autre histoire. Finalement, l’aspect ghetto est irritant, car on a soit droit à des gangstas idiots aux tics de langage insupportables, soit au duo de flics aux dialogues creux, parfois d’une vulgarité excessive et gratuite, pour donner un genre au film.
Pour moi, David Ayer a échoué aussi bien pour la réalisation que pour l’écriture, l’exemple le plus probant étant cette séquence de fête, où aucun des éléments cités ne rattrape les défauts de l’autre. Je n’ai pas compris pourquoi le film nous montre les flics intervenir là, il s’agit juste d’une histoire de tapage nocturne, donc sans grand intérêt, et il n’y a aucune tension non plus, car… c’est juste une histoire de tapage nocturne ! Les flics mettent fin à la fête, sans rencontrer de réelle résistance. Et l’antagoniste principal est tout sauf charismatique : "Why do they call you Mr Big Evil ?" – "Because my evil… is big". Ah oui, ok.
Au vu des évènements qui suivent, je suis conscient qu’il s’agit là de présenter des ennemis qui deviendront importants dans l’histoire, mais pourquoi les introduire de façon aussi triviale ? Ils font la fête dans leur jardin, et on leur demande d’éteindre la musique, c’est tout !
Comment on passe d’un film bien écrit comme Training day à ça ?
Plus tard, il y a cette séquence de sauvetage dans un incendie, dont tout l’intérêt potentiel est perdu car on ne comprend rien de ce qui se passe à l’écran… à cause de cette putain de façon de filmer.
Il n’y a que deux scènes qui m’ont fait ressentir un peu de tension, celle de l’attaque de deux policiers, et l’assaut à la fin du film.
Autre chose que je reproche au scénario, c’est qu’il n’a pas vraiment de trame, on dirait qu’Ayer meuble entre chaque évènement censé amorcer ce qui se passe dans les 30 dernières minutes, quand les deux héros mettent en colère un cartel. Ils se retrouvent alors confrontés aux plus mauvais tireurs du monde, des gangstas plus nombreux qu’eux, équipés d’armes automatiques, qui arrivent à rater les deux flics alors qu’ils sont à découvert la plupart du temps.
Entre la plupart des interventions du duo quelque part, il y a des conversations à bord de leur voiture de patrouille, portant souvent sur les relations de couples. Leurs échanges brassent de l’air, et en fin de compte, les relations des personnages avec leur compagne sont mal développées. Le personnage de Gyllenhaal se marie tout d’un coup, sans qu’on ait vu les rapports avec sa copine évoluer, le protagoniste dit juste que ça "devient sérieux", mais ça, ça ne devrait pas passer par le texte, il faut le faire sentir. Je ne ferais pas ce reproche au film si on n’insistait pas à ce point sur les copines des deux héros.
Moi qui voulais un film policier intense, j’ai été très déçu par End of watch, c’est mal réalisé et mal écrit ; le film parvient à rendre inintéressant le quotidien de deux flics dans des quartiers infestés par les gangs.
