Nouveau film du réalisateur controversé Gaspar Noe, qui fut notamment connu pour son film Irréversible, et qui fit ses premiers pas dans les longs métrages avec Seul contre tous, Enter the Void était pour la plupart des connaisseurs du français, très attendus. Le film est-il toujours a l'image de ce que propose le réalisateur, ou s'est il laissé aller dans un sujet que l'on pourrait qualifier de facile visant à toucher un public marginal?

En sortant de la séance du soir (accompagné d'une amie courageuse et détentrice d'une carte illimitée...), mes premiers mots furent simplement: «Je... Je suis violé et souillé, j'ai pas tout compris à ce que je viens de voir, mais c'était bien, enfin je crois... En faite, je ne sais pas si c'était génial ou à chier!»

D'emblée, ça pose l'ambiance. Subjectivement, et en allant un peu fouiller sur le net, je me suis vite rendu compte que ce film ne peut pas être analysé de suite, il faut un certain temps au cerveau pour réussir à le digérer, car si il y à bien une chose sur laquelle tout le monde semble s'accorder, c'est que ce film est très pesant et que l'on est content de sortir de la salle! Ici, pour reprendre ce que j'ai pu lire sur le web, on a plus affaire à une expérience qu'à un film, en tout cas, je l'ai ressenti comme tel. Le fait est que les dialogues sont assez peux nombreux au final, Gaspar préférant suivre les errances de l'âme d'Oscar qui tour à tour suivent différents protagonistes, bien que principalement centrées sur ça sœur qu'il ne peut se résoudre à laisser seul, ce que l'on comprendra aisément en voyant le passé qui lie les deux personnages.

Il est aussi une expérience du fait que de mémoire, je n'avais jamais vue ce genre de thème abordé au cinéma. Sur le plan technique tout d'abord, c'est une véritable claque ! Le cadrage, les effets de lumière, la mise en scène (même si parfois longuette et pourvue d'un côté malsain propre à Noe) sont proche de ce que je pourrais qualifier de mon point de vue de la perfection ! Nombre de transitions sont simples, mais toujours très bien gérées. De façon purement technique, le cinéaste s'impose comme un maître du genre. Visionnaire avec ses jeux de couleurs sur Tokyo, très fluo et flashy lors de la seconde partie, mais également au début du film, lorsqu'il nous impose une vue à la première personne avec le personnage d'Oscar , pendant laquelle il simule un clignement d'yeux... Assez déroutant voir agaçant au début, on s'y habitue, et cela renforce réellement l'impression de vivre le parcours du personnage. Par ailleurs pour les plus à même d'appréhender le concept, ne vous inquiétez pas, lors de la seconde partie du film, cela disparait. Enfin la vue aérienne de Tokyo que Noé nous offre pendant plus d'une bonne heure trente au gré des pérégrinations de l'âme d'Oscar est juste à couper le souffle. Ayant utilisé deux grues pour réaliser ce tour de force, où chaque scène est limpide, on ne sens jamais le montage, et rien que pour cela, on peut dire qu'il est vraiment très très fort !

Mais assez parlé de la technique visuelle, j'aimerais revenir sur un autre point du film: l'audio et la bande son. Comme vous vous en doutez, le film n'est pas vraiment comique, voir jamais, et la bande sonore s'en ressent. Oppressante, lourde, et souvent mélancolique, elle est également un point fort du film. Et que dire des effets sonores, toujours justement utilisés pour les scènes, mise à part une version un poil joyeuse de la musique Air de Jean Sébastien Bach qui viendra amoindrir l'ambiance pesante du film... Et encore, quand on voit la transition qui est utilisée lors de la première apparition de cette musique, on se dit que Noe sait jouer avec les nerfs ! Je retiens également la musique de début qui contraste tellement avec le reste du film, que je n'ai pu qu'adorer. A savoir que Noé a travaillé avec Thomas Bangalter... Cela vous parlera plus si je vous dis qu'il s'agit de l'un des deux membres des daft punk. Attention toutefois, ce n'est pas lui qui a composé la BO, il est juste ingénieur du son, mais quand on voit le boulot effectué sur l'ambiance, on dis chapeau encore une fois.


Après tant d'éloges sur le plan technique, vous vous dites certainement que l'on tient un film parfait, et c'est là qu'il est temps que je vous parles de la narration et de ce que nous montre Noé pendant ces 2h35 de film.

Soyons clairs de suite, le film est long... Clairement trop long sur la fin, où sans pouvoir vous la raconter, on est forcément content que ça finisse ! La faute à une fin que l'on devine au bout de 15 minutes de film, car oui le film est abordable au niveau du scénario, et la faute a Noé qui développe toujours une sorte de voyeurisme malsains quand il tourne un film. Il dit toujours que le sexe est ce qui fait tourner le monde, je ne suis pas en totale opposition avec cette déclaration, mais avouons-le, assister pendant 15 minutes à une scène où la sœur d'Oscar coït, n'a rien de particulièrement excitant (au propre comme au figuré). Et des scènes « olé olé », Noé nous en dissémine tellement qu'à la fin on frise l'overdose... chose logique pour un film parlant de trip psychotique sur la drogue vous me direz, mais au moins quand on voyait les effets du DMT sur le système nerveux d'Oscar, ça avait le mérite d'être assez inédit et beau. Ici Noé rend le sexe bestial (et naturel à mon sens) mais voila, trop c'est trop, poussant même le délire jusqu'à ce que l'on assiste à une scène d'éjaculation intro vaginale... Sur un plan scientifique, ma fois ça ne me choquerais pas plus que ça, mais ici dans le cadre du film, même en voyant clairement pourquoi Noé montre cette scène, je n'ai pu m'empêcher de penser: « Sérieusement quoi... Faut faire un porno si t'est frustré à ce point mec ! »
Mais mis à part cette débauche d'acte sexuel pas toujours très utile à mon sens donc, et une fin longuette, le reste du film est très intéressant et remplit d'humanité... Oui je sais vu la description que je fais du film jusqu'à maintenant cela n'a pas vraiment pu transparaître, mais Noé ne cherche pas à choquer comme j'ai pu le lire sur le net, ou alors les gens n'ont pas vu Irréversible qui lui était à plus d'un point choquant !

Ici Noé livre plus une vision de l'amour absolue qu'un frère peut avoir pour sa sœur, relation que l'on pourrait penser presque incestueuse, sa sœur se comportant parfois très bizarrement avec son frère, sans que jamais cela ne dépasse un certain cadre. Finalement, cette dernière a peut-être juste besoin d'un rapport de proximité étroit avec Oscar, à vous de vous faire votre idée sur la question ! Cette humanité qui donc, comme je le disais, se voit dans le parcours de l'âme d'Oscar et lors des nombreux et répétitifs flashbacks dont je n'ai pas encore parlés, où l'on vois comment se sont si fortement noués les liens entre les deux êtres, et où l'on comprend qu'Oscar ne peut définitivement pas rompre sa promesse.

Les flashbacks sont un élément essentiel, tant on va en subir, d'ailleurs il est à noter que seul les flashbacks sont de jour (mise à part une certaine scène), car le noir qui compose tout le présent du film, c'est le monde des adultes, du sérieux, de la drogue, du sexe, là où les enfants sont couchés, le contraste du jour, donc des flashbacks. Ils finissent par devenir également oppressants, et tellement répétitifs qu'ils usent véritablement les nerfs des spectateurs. De toutes façons, le film est usant pour n'importe qui, on est vraiment heureux que le film finisse encore une fois, car comme pour la dernière scène qui montre ce qu'elle doit montrer, c'est une délivrance autant pour Oscar que pour le spectateur qui a vraiment subit la dernière demie heure (cela était-il voulu ou non pas le réalisateur ? Il serait intéressant de le savoir).

On ressort du film lessivé, on ne sait pas vraiment ce qu'on a vu, mais c'était fort et puissant. Impossible de dire si on a aimé ou détesté avant un petit moment si l'on est resté jusqu'au bout, tout simplement impossible. On vient de voir un véritable OVNI bourré d'originalité, et malgré les longueurs que j'ai eu à subir, je ne peux décidément pas classer ce film, après mure réflexion, comme un mauvais film ! Pire je pense le classer parmi ceux dont on dit qu'on doit les voir au moins une fois dans sa vie pour se faire sa propre idée d'un genre au cinéma... Donc cela revient à dire qu'il devient pour moi une pierre angulaire à découvrir et à classer parmi les indispensables.

Enter the void ne vous laissera en tout cas pas indifférent si vous faites l'effort d'aller le voir, Soyons clairs: on accroche ou on déteste, mais il n'y a pas de juste milieu avec ce genre de films. Vous mettrez juste un peu de temps avant de réussir à vous positionner, croyez moi, mais toutefois à l'heure actuelle où tout le monde hurle au manque d'originalité qu'offre le cinéma, vous avez devant vous une bonne grosse claque à vous prendre, et parfois une bonne claque vaut mieux que les cajoleries habituelles que vous offre le cinéma classique !

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le 27 sept. 2010

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otak

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