Enter The Void fait dorénavant parti de mes plus grandes expériences cinématographique. Ce film m'a bouleversé. J'en reviens, car oui, on reviens de ce film, après avoir été transporté. Bordel que ce film est incroyable, je viens de me prendre une véritable claque, tout mon être le ressens avec une force saisissante.


Pour commencer, Noé nous place non pas comme spectateur mais comme acteur. Nous vivons cette histoire fantasmagorique comme si nous en étions l'acteur principal.
Il y a tellement de chose à dire sur ce film que je ne sais par quoi commencer...


Bon, débutons par le thème principal du film, le fil conducteur, la philosophie de mort tibétaine. Le film étant consacré à cette philosophie. Tout comme l'est le livre " Les Thanatonautes " de Werber, beaucoup de point y sont semblables mais j'y reviendrais.
Cette théorie bouddhiste est très bien expliqué dans le film je n'y reviendrais pas. Je soulignerais uniquement la vision qu'en a eu Gaspard Noé dans la réalisation de cette p***** de merveille.


La technique est irréprochable. Les travellings vue aériennes et transition entre les plans sont sublimes. La mise en scène est soignée, les plans sont construits, beaux, enivrant.
La BO est quant à elle particulièrement bien étudié, sans en faire des tonnes, elle nous emporte quand il faut, là où il faut, pas de surcouche larmoyante. Du bruit, du silence, de la musique, tout est en place. Faudrait que je retrouve le nom du compo au passage...


La ville de Tokyo, bien qu'illuminé de plein feux, elle parait aussi noire que L.A. dans le film de Ridley Scott. Elle grouille de lieux malfamé. Vitrine de débauche, sexe drogue et violence. La dire qualifier de peu accueillante serait un bel euphémisme.
Au départ réel, plus le film suit son cours, plus elle parait irréel.


Tant que nous y sommes, parlons en de ce rapport entre le réel et... L’au-delà. N'oublions pas que nous sommes l'esprit d'un homme mort qui refuse l'ascension aux cieux et ère dans cette ville.
Les ports pour accéder aux cieux sont présentés comme des délires psychédéliques de différentes couleurs. Exactement comme dans l'oeuvre de Werber. C'est en traversant assez de porte que l'on peut accéder à la réincarnation.
Ce rapport au réel est ambiguë, Gaspar Noé nous invite à nous en échapper en usant de jeux de lumière hallucinatoires nous enfonçant dans une espèce d'inconscient fantasmé.
Cette échappatoire est clairement souligné par la position dont nous nous trouvons tout au long du film, dans les airs. Nous survolons les scènes, au sens propre du terme, nous planons au dessus de ces gens qui vivent, qui ressentent.
Cette manière nous permet de prendre une certaine distance avec le monde du vivant, nous sommes mort et hormis les quelques passage où l'on se retrouve dans l'esprit de certaines personnes, ce n'est qu'une projection. Nous ne voyons le monde, nous ne le sentons et l'entendons que par un infime lien qui nous empêche de le quitter. Ce lien, c'est l'attachement sentimental.


Un autre lien nous permet de rester dans ce monde des vivants. Notre mémoire. Plusieurs fois au cours du film, Oscar, se remémore des souvenirs d'enfances, épisodes de sa vie. Un passé qui créé un lien, un passé présent dans ce présent.
Ce n'est pas par hasard qu'Oscar se souvienne de son passé. La rencontre avec la mère de son ami lui remémore le lien avec sa mère, cela est clairement indiqué.
L'accident dont ont été victimes ses parents revient plusieurs fois durant son voyage. Cet évènement le marquera à vie. Fera de sa vie, ce qu'elle est. Fera de la relation avec sa soeur, ce qu'elle est.
C'est à cause ou grâce ( à vous de choisir ) à cet accident que le lien avec sa soeur est aussi fort. Ils n'ont plus personnes. Il vont tenter de vivre ou plutôt, de survivre dans un monde qui les dépasse, dans un univers qui ne leur est pas adapté. La soeur candide sera stripteaseuse, quant à lui, il vivra de drogue pour échapper à ce monde.


Véritable voyage pour les sens, ce film nous touche au plus profond de nous-même. L'enjeu de ce film dépasse allégrement le malaise d'un pauvre junkie. Il prend son ampleur lorsqu'on se laisse emporter par les images. Le voyage, Oscar ne le fait pas seul, nous sommes à ses cotés.
Sa mort, nous n'y pensons plus, nous sommes un esprit qui vogue dans ce film représenté de manière très pessimiste comme je l'aime.
L'utilisation d'un objectif FishEye est tout aussi intéressant, cela créé une nouvelle distance, un nouvel obstacle entre le monde des vivant et l'entre-deux dans lequel nous nous trouvons, et se trouve Oscar.


Le sexe, élément clé du film; pour quelle raison ? Pourquoi avoir choisi cette forme de débauche ? Ma théorie est que le sexe est mis en parallèle avec la drogue. Et que tout comme la drogue ou l'expérience de la mort, il est l'unique moyen d'accéder à une extase, à cet projection de l'âme et de l'esprit.
A noter que Gaspar Noé est carrément jusqu'au-boutiste, lorsqu'il décide de montrer du sexe, il n'hésite pas, il y va jusqu'au bout, sans censure ni tabou.
La mort, le sexe, la drogue, trois moyens d'accéder au trip...


Le film dure 2h45. J'aurais voulu qu'il dure bien plus longtemps. Je prenais un trip d'enfer à regarder une parfaite technique au service de l'originalité.
Certaines disent qu'il puise ses sources dans les travaux de Kubrick ou d'Aronofsky. Certes, il y a quelques ressemblances mais pour moi, ce film a sa propre identité, il vit, il est unique tout comme le voyage qu'il propose.


Le film se termine sur la réincarnation d'Oscar. Preuve que nous ne sommes que des esprits pouvant changer de corps, d'enveloppe charnel sans pour autant perdre ce qui fait de nous des êtres pensants, notre âme.
L'âme ne meurt donc jamais, jusqu'au jour où nous atteindrons un état d’éternité, et quitterons cette vie précaire, misérable. Celle que nous sommes entrain de vivre.

Atomka
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le 10 févr. 2016

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