Habitué aux plateaux de tournage depuis petit grâce à son père Alexandre Arcady, devenant même réalisateur de seconde équipe sur deux de ses films, Alexandre Aja décide, entre son premier film Furia et son futur tremplin Haute Tension, d’adapter le roman "Iaroslav" de Claude Klotz. Alors âgé de 24 ans, lui et son comparse Grégory Levasseur vont tenter de dynamiser un minimum le cinéma d'action français avec une histoire de tueurs que tout oppose, joignant leurs forces pour une mission suicidaire en Roumanie. Un pitch classique pour toute production américaine visant naturellement aujourd'hui le marché vidéo. Sauf qu'on est en 2002 et on est en France.
Confiée à son pater, plus habitué à des drames ou des comédies, la mise en scène s'avère hélas ratée, Arcady Sr. ne proposant ici qu'un thriller plat, prévisible et mal interprété. Faire une tentative de faire un film d'action à l'américaine n'est pas aisée, surtout lorsqu'on a réalisé Le Grand Pardon et K avec Patrick Bruel... Scènes d'action peu avantageuses, mal rythmées et mal cadrées, chorégraphie des combats bâclée, séquences parfois gratuites (le braquage de la pharmacie) et d'autres mal fichues (les ralentis ne sont jamais au bon endroit) : le film ne démarque jamais et ressemble plus à un téléfilm qu'à un film d'action tonitruant.
Alexandre Arcady n'est définitivement pas l'homme de la situation, par ailleurs pas aidé par son casting, les deux acteurs principaux, d'ordinaires excellents, étant ici un Richard Berry d'une platitude presque énervante et un Saïd Taghmaoui cabotin au possible. On omettra volontairement parler du rythme batard du film, de ses dialogues très souvent débiles et d'une gestion de la musique effarante (Johnny Halliday d'un côté, techno de l'autre : il fallait oser). Une tentative osée mais une tentative ratée pour la France de proposer quelque chose d'autre que des drames ou des comédies.