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Début du film.
Il actionne des leviers et ces semblants de vers tombent dans ce semblant de liquide : procréation.
Dans ces décors trop grands pour lui, Henry marche, il rentre chez lui.
Les lieux sont labyrinthiques, le temps s'allonge : c'est l'insoutenable lourdeur de l'être.
Et puis, il y a la jolie femme qui vit en face et qui lui remet un cadeau empoisonné : une invitation à diner dans un foyer sclérosé : l'ancêtre, comme un fantôme, la mère autoritaire, anxieuse, le père qui s'essaie aux conventions sociales, qui s'essaie à plaire mais n'y parvient jamais et puis la fille.
La fille, fiancée de Henry qui revient après un long silence, pour lui apprendre qu'il est père d'un bébé prématuré et difforme - prémices d'un Elephant Man... ?
La tête du bébé ressemble à la tête du ver qu'on voit au début du film. Et si...
Ce bébé, c'est la charge de trop.
La fiancée n'en peut supporter les cris : elle s'enfuit. Malmenée par sa mère à n'en pas douter, la voilà qui répète ce schéma ? Peut-être. On peut davantage supposer qu'affirmer.
Henry s'endort, il s'enfuit... Le music-hall avec la potiche aux grosses joues, son chant aux paroles niaises, sa tenue de ménagère docile et sa stature passive : condamnerait-on ici une image édulcorée de la femme américaine ? Les portraits de femme de ce film sont d'ailleurs intéressants : la femme d'à côté, femme fatale, intrusive et adultère, responsable de la présence du bébé chez Henry, la mère autoritaire et oppressive, la fille passive et irresponsable...
Et au milieu de ce vacarme humain : Henry. Henry fatigué, Henry qui perd la tête, Henry dont la cervelle est transformée en gomme, Henry dont la tête est remplacée par celle de ce bébé aux cris stridents, Henry complètement étouffé par l'existence.
Et Henry finalement rejoint par la potiche une fois le bébé mort.
La potiche, est-ce sa fiancée du début ? Pour moi, le doute plane.
J'ai vu la plupart des films de Lynch avant celui-ci : j'ai bien fait. Cependant, les avoir vus n'aide pas forcément à la compréhension de celui-ci. Il est glauque, dérangeant. L'esthétique dégage quelque chose de gothique. Des symboles à la pelle, tout en métaphores, et tellement encore à dire.