C'est avec une appréhension palpable que je lance "Eraserhead" (ben oui il est en seconde place du sondage des films les plus obscurs), sorti en 1977 et réalisé par David Lynch, réalisateur dont j'ai tant entendu parlé depuis que j'ai vu "Mulholland Drive". Autant j'apprécie "Mulholland Drive", parce qu'au fond, on sent qu'il y a une logique qui nous échappe, mais qui n'est pas si loin. Mais là, "Eraserhead" n'a pas de réelle logique. C'est quasiment vide de sens là où on s'attend à en trouver...

Alors c'est l'histoire d'un mec, Henry Spencer, qui apprend par la mère de sa copine qu'il a un bébé. Chose plutôt malvenue puisque c'est un bébé-truite (qui ressemble étrangement à l'Alien de Ridley Scott, sorti deux ans plus tard). Bien que tourmentés et un peu dépassés par les évènements, Henry et Mary, nos deux tourtereaux, décident de s'installer ensemble en vue d'un mariage.
Sauf que Mary, dans un élan de bon sens, se rend compte qu'avoir un bébé-truite qui pleure la nuit, ce n'est pas normal en plus d'être sacrément casse-couille. Alors elle se casse et laisse Henry, en plein désarroi, qui se noie donc dans ses rêves pour tenter tant bien que mal d'échapper à cette chienne de vie. Malheureusement pour lui, ces rêves l'empêchent presque plus de dormir que son enfant-truite. Intérieurement torturé, il se résout finalement à tuer cette monstruosité à laquelle il a donné naissance.
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que ce bébé truite, qui vient de se rendre compte que son père (malgré sa jolie coupe de cheveux) vient d'essayer de lui percer le coeur, va alors se transformer en SCP-173 (http://www.scp-wiki.net/scp-173) et l'assassiner. Astucieux moyen de nous faire comprendre qu'Henry, pris de remords, décide de se suicider, ne sachant pas quoi faire face au meurtre qu'il vient de commettre.

De ce que j'ai percu, on peut séparer les scènes en deux types :
Les scènes de type 1, qui racontent effectivement quelque chose, qui font avancer l'histoire et tout. Elle sont malheureusement très courtes, sont disséminées un peu partout, mais elles se raréfient de plus en plus tout au long du film, c'est bien dommage.
Les scènes de type 2 qui ne racontent rien, mais qui filment (ou tentent de filmer) une action quelconque. Ces scènes tentent probablement de saisir une émotion, une beauté, ou un truc quoi, mais en fait pas du tout. Peut-être que le choix de filmer en noir et blanc des scènes subliminales y contribue, parce qu'en fait on ne voit strictement pas la moitié de l'écran durant les 3/4 du film j'ai l'impression ; je vais mettre ça sur le compte de la créativité artistique et considérer que c'est acceptable parce que sinon je vais pas pouvoir noter le film.

Le véritable problème du film, c'est que ça raconte en 1h30 ce que ça aurait pu raconter en 10 minutes avec tout autant de précision et de sentiments. Que le film soit contemplatif, dans une certaine mesure ça passe encore, mais alors là, on atteint des sommets d'ennui. J'ai eu l'impression que Lynch a d'abord écrit un scénario de trente lignes, puis qu'entre toutes les scènes de type 1 il s'est amusé à caser des dizaines de scènes de type 2, comme ça, pour le fun.
Et donc ça donne un film qui arrive à t'ennuyer jusqu'à la moelle, en moins d'1h30. C'est déjà un exploit donc je met +0,5.

Et je rajoute +0,5 pour les métaphores sexuelles tout le long du film, ça le mérite bien.
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le 27 août 2014

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