Ignorant tout de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, j'avais toujours pris ce film pour une comédie romantique somme toute banale. Cependant, alerté par sa surprenante haute moyenne sur SC, je me suis dit qu'il devait quand même y avoir un truc, autre que son duo d'acteurs principaux exceptionnel. Après visionnage, effectivement, il y avait bel et bien un truc.

Le truc, c'est que c'est pas "une comédie romantique somme toute banale". Eternal Sunshine of the Spotless Mind, n'ayons pas peur des mots, est un film de taré.
Mais pas taré dans le sens "waw c'est trop bien c'est un truc de taré" (enfin si un peu quand même hein, mais pas ici), taré dans le sens où on comprend pas très bien ce qui se passe à l'écran, on est un peu paumé, du moins au début ; puis on se rend compte que c'est un délire vachement cool en fait, et on se laisse aller.

Quand je vous dit qu'on se sent paumé au début, c'est pas une blague. La scène d'intro est tranquille, on assiste à la rencontre de nos deux protagonistes, ils discutent un peu, Jim Carrey campe bien son rôle de célib' un peu awkward, même Kate Winslet que j'aime pas trop d'habitude m'est sympathique, y a une opposition évidente des caractères... Jusque là, tout me confortait dans mon idée de comédie romantique lambda.

Soudain, un Frodon Sacquet sauvage apparaît !

Vous allez peut-être trouvez ça stupide, mais c'est à partir de la venue complètement inattendue de ma part d'Elijah Wood que mon cerveau a commencé à se faire la malle. Surtout que le bougre dit absolument n'importe quoi lors de sa première apparition. "J'peux vous aider ?" Euh... Oui ?
Forcément, la suite n'a pas aidé. Scène d'intro finie, paf, Jim Carrey est en train de chialer dans sa bagnole alors que y a pas une minute il tapait la discute avec Kate. D'accord. Une ellipse. C'est rien du tout.
Jusque là, je lutte pour garder les idées claires mais c'était sans compter l'arrivée de la machine à effacer les souvenirs. De la SF maintenant. OK. Bon, c'est pas comme si c'était le truc auquel je m'attendais le moins dans un film de ce genre après tout.

Donc à partir de là, ça devient intéressant, et ça correspond assez au moment où je commence à devenir fou. Jim, ou plutôt Joel, après s'être pris un vent royal de la part de sa copine, apprend par le biais d'un couple d'amis useless que Kate, c'est-à-dire Clémentine, a eu recours à la machine et n'a plus aucun souvenir de lui. Joel ça l'embête plutôt, et sans doute friand de l'adage : "plus on est de fous, plus on rit", il décide de faire pareil. Sauf que pendant l'opération, il se rend compte qu'il a fait une grosse connerie, et que ce serait quand même dommage, au fond, d'oublier la personne à laquelle il tient le plus au monde. Il veut tout arrêter.
Le problème c'est que l'opération se déroule pendant son sommeil. Donc pendant que Elijah Wood, Kirsten Dunst, Mark Ruffalo et Tom Wilkinson font de leur mieux pour ne servir à rien, on suit dans son inconscient la fuite désespérée de Joel avec ce qu'il lui reste comme souvenir de sa bien-aimée.

La majeure partie du film se passe donc dans la tête du héros et c'est de là que ESotSM tire toute sa puissance. Outre le fait que la simple idée qu'on puisse sonder l'imagination d'un pur malade mental comme Jim Carrey laisse rêveur, cette exploration du domaine des rêves est tournée de manière remarquable. C'est chaotique, fantasmée, incohérent mais en fait non... Michel Gondry a su capter le binz qui se passe dans la tête d'un humain et le coucher sur pellicule. Franchement, c'est bien joué.
Entre un cri de terreur poussé à la vue d'un Elijah Wood la tronche à l'envers et un rire non réprouvé face à un Jim Carrey soudainement atteint d'une crise de nanisme particulièrement avancée, on se plaît à suivre cette folle histoire d'amour déjà finie, condamnée, mais ô combien attendrissante et merveilleusement mise en scène. Jusqu'à la fin, on veut y croire. Croire que l'amour sera permis au-delà du songe.

"On fait quoi maintenant ?

- On savoure."

___________

Tout n'est pas parfait, comme je l'ai mentionné précédemment les rôles secondaires manquent singulièrement de consistance et n'apportent pas grand-chose au film au final, ce qui est d'autant plus dommage qu'il y avait un très gros potentiel avec une telle brochette d'acteurs. C'est donc du royaume des rêves en compagnie de nos protagonistes que le film prend toute sa force. Le monde réel, finalement, ne revête que peu d'intérêt, et le retour à celui-ci en fin de pellicule, bien que logique, ennuie et amène une fin quelque peu décevante.
Mais quand un film qui ressemble de loin à une simple comédie romantique parvient à bousculer les attentes du spectateur en se permettant en plus de le troubler et l'émouvoir, avec en prime une bande originale sincèrement excellente, on ne peut que saluer.

Faites de beaux rêves.
Boba
8
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le 16 nov. 2013

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Boba

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