Tatsuo voudrait devenir chanteur et rêve d'aller aux États-Unis. Takashi Asakawa, qui l'a pris sous son aile, propose à Isamu Kôda de cambrioler les bains turcs où travaille Yasue, sa maîtresse. Anxieux, Tatsuo ne tient pas à participer au casse...
Evasion du Japon pourrait être le film charnière dans l'œuvre de Yoshida. Celui de la transition, de la rupture. Il s'ouvre et se referme ainsi sur deux gestes, un coup de pinceau abstrait d'un peintre sur une toile qui couvre l'écran. Le premier pourrait être le geste d'un artiste sur son œuvre passée, coup de pinceau un peu grossier, traits épaissis, ce qui constituera le contenu de ce film là par rapport à ses films précédents. Et le deuxième serait le coup de pinceau qui recouvrirait la toile, effacerait l'œuvre pour redémarrer sur de toutes nouvelles bases. En effet les films qui suivront feront totalement fi du contexte social,... pour uniquement se recentrer sur l'aspect psychologique de la femme, et sa relation à l'homme.
Cette évasion du Japon est un film clairement à part chez le cinéaste. J'entends formellement. Œuvre caricaturale, bouffonne, grotesque et en même temps très sombre. Mais qui constitue en même temps une prolongation thématique de ses films précédents, à savoir le désœuvrement de la jeunesse japonaise d'après guerre, leur incapacité à s'adapter au nouveau système économique, politique et social, l'appel de l'occident et le désir fort de fuir le pays. Le désir de fuir était toujours présent jusqu'ici dans son œuvre, il est ici décuplé, le film prenant l'apparence d'un film d'évasion de série B en temps que tel. Le cinéaste intègre a sa narration des figures de style du film noir purement américaine en les déformant sous le prisme du fantasme japonais.
L'étrangeté du film passe par l'absurdité et le côté un peu kafkaïen des situations, également par ses personnages, notamment celui qui porte le film, Tatsuo, jeune homme totalement idiot, pleurnichard, lâche, insupportable. Sorte de vision autant fataliste que moqueuse du jeune homme de cette époque. Etrangeté aussi liée à la romance centrale totalement improbable. Comme toujours point central de l'œuvre du cinéaste.
Bref c'est un film assez curieux, jamais totalement drôle ni vraiment tragique, il fonctionne essentiellement sur son entre deux. Film le plus cynique de son auteur.
Teklow13
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le 13 févr. 2012

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Teklow13

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