Sorte de They live by night dans les sixties nippones, le film n'atteint jamais la grâce de son devancier. Il faut attendre la dernière demi-heure pour qu'enfin il nous offre quelques scènes touchantes. La plus large part du film est beuglements, cris et gestes impulsifs, crises hystériques ou héroïnomanes. Et finalement le film n'est pas parvenu à m'extirper de cette lassitude.

L'histoire s'étend avec quelques longueurs. Le film aurait gagné en densité si certaines scènes avaient été écourtées. La préparation et le déroulement même du braquage n'apportent que peu d'éléments constructifs il me semble à l'histoire d'amour pathétique qui lie la pute et le simplet dans la dernière partie du film.

Esthétiquement, le cinémascope est écrasé par une photographie beaucoup trop sombre. Je ne sais si c'est la qualité du transfert ou l'image d'origine qui m'a perturbé mais les scènes sombres sont à la limite du regardable par moments. Par ailleurs la copie parait en excellent état. C'est troublant. J'ai vraiment le sentiment que le cinéaste désirait accentuer le côté obscur. Craignait-il qu'on ne voit pas que c'est un film noir?

Quelques plans sont superbes. Je pense surtout aux extérieurs vers la fin, avec des paysages magnifiés par le petit matin (le golf) ou la brume automnale (l'aérodrome). L'emploi systématique de la plongée et contre-plongée s'il est estimable à petite dose devient un peu écoeurant à force. Et c'est malheureusement le cas. L'encadrement des personnages est subtil. Il rappelle par moments Wong Kar Waï, dans une assez moindre mesure tout de même. On y songe juste quelques fois. Par-ci, par-là.

Le jeu des comédiens est trop outré. On y hurle, ne prenant pas le temps de s'entendre, jouant essentiellement sur l'impulsion. Les mots, les gestes et les regards jaillissent et saignent en continu. Cela fatigue vite.
J'ai très rapidement été submergé par la hâte d'en finir. Oui un film qui m'a trop vite tapé sur le système.
Alligator
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le 11 févr. 2013

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