Comme un miracle, avec Event Horizon Paul W.S. Anderson signe un excellent film (une fois n'est pas coutume) qui, sous ses dehors de série B, touche à une forme d’extase macabre, où dissous la frontière entre le mystique et le technologique. Le vaisseau éponyme n’a rien d’un simple décor : Véritable antagoniste du film, il agit comme un organisme vivant, une cathédrale d’acier animée d'une étrange présence... Chaque couloir, chaque faisceau de lumière, chaque souffle métallique semble imprégné d’une volonté sinistre. La mise en scène cultive une esthétique de la suffocation : jeux d’ombres, contre-jours saturés, décors oppressants, un ensemble d’images qui transforment l'environnement spatial en un véritable enfer. Visuellement, Event Horizon impressionne toujours par sa cohérence sensorielle. Les décors évoquent à la fois la technologie et le sacré d'inspiration gothique.e. Le design du vaisseau mêle tuyauteries industrielles et ornementations religieuses, matérialisant la fusion du métal et du métaphysique. Event Horizon ne cherche jamais l’équilibre : il revendique la démesure, la fièvre et la fascination morbide. C’est précisément dans cet abandon au chaos que réside sa singularité. Dans cet hybride maximaliste entre Alien et Hellraiser, Anderson fait de l’épouvante une expérience sensorielle totale. Par son esthétique léchée, son rapport charnel au corps et à la folie, Event Horizon anticipe avec une justesse troublante ce que le jeu vidéo Dead Space prolongera quelques années plus tard : une horreur spatiale à la fois métaphysique et viscérale qui établi les fondations d'un univers saturé de mystères et traversé par une horreur cosmique aux dimensions imperceptibles. Une référence du genre!