Certains films sont faussement compliqués. Par exemple Mulholland Drive. Et d'autres sont faussement simples. Par exemple celui dont la critique est faite ici. Le scénario semble simple, la mise en scène proprette, le jeu d'acteur classique et la 3D étrange dans un film qui ne comporte ni robots, ni explosions toutes les trente secondes. Et pourtant …
Pourtant Wim Wenders arrive à décrire avec délicatesse et justesse des réactions humaines, celles devant la perte d'un enfant lors d'un accident ou celles d'un père dans une maison de santé. J'ai vu un parent réagir de la même manière que le personnage de Charlotte Gainsbourg et idem concernant l'attitude du père. Elles se rapprochent de la réalité
à l'opposé des réactions paramétrées uniquement par la colère ou l'hystérie que l'on voit à longueur de temps dans les films parlant du même sujet, particulièrement quand ils sont américains. L'autre écueil évité ici concerne la question du pardon et la pesanteur de la culpabilité. Il en parle, oui, mais avec douceur, en prenant le temps. Le temps justement est une grande composante du film. Les années passent sur les blessures et les personnages se croisent e nse pansant les anus les autres.
L'espace est lui aussi utilisé avec style. Et c'est pourquoi le film est à voir absolument en 3D. Il est devrait être interdit de le voir en 2D, tout comme Pina du même réalisateur. En effet les lieux sont choisis pour profiter de cette technologie. Ici pas d'effet de mode, mais un souffle artistique, une peinture en trois dimensions, entre Vermeer et Waterhouse. Pour faire très simple (sur ce coup là), il utilise la profondeur pour exprimer … une autre profondeur. La beauté de la nature, l'architecture de la ville sont mise en valeur à chaque plan.
Cela à l'air simple et pourtant tout est placé, installé et structuré. Côté acteurs, disons pour allez à l'essentiel, que James Franco est potable et utilise plus de trois expressions faciales. C'est déjà pas si mal.
Le scénario l'est aussi. Je vous laisse le plaisir de découvrir ses nombreuses subtilités et ses symboliques parfois difficiles à saisir. Il y a aussi un travail minutieux sur le son et la lumière. Sur ce dernier, certains pourront facilement trouver certains éclairages trop appuyés. Toutefois tout ceci sert le propos, maintient l'attention du spectateur, enrichit son expérience. Chaque bruissement ou son lointain, chaque rayon de soleil semble avoir son utilité, poser son empreinte. Le dernier plan, ambivalent, propose une fin ouverte aux suggestions.
Après avoir vu ce film, on ne comprend vraiment pas comment on peut autoriser sa diffusion en 2D, tant la 3D, tant de fois raillée dans les films spectaculaires à 300 millions, n'est pas utilisée comme un gadget. Ici elle sert aussi les auteurs de talent.

Fiuza
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le 30 avr. 2015

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Fiuza

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