Mongoloid, he was a mongoloid, and it determined what he could see

Parvenir à créer une "certaine" empathie pour de tels personnages, galerie de têtes malades et de bras cassés, dans une ambiance aussi destroy, trash, et provoc, c'est en soi un bel exploit. Un peu comme si on était victime du syndrome de Stockholm après avoir été exposé à une violence (morale, physique, sexuelle) et une misère (idem) extrêmes. Une chose est sûre, "Ex Drummer" est unique en son genre et dans l'histoire qu'il raconte : les pérégrinations d'un groupe de punk réunissant des handicapés à des degrés divers, dans les contrées reculées de la Belgique, à la recherche d'un batteur en la personne d'un écrivain.


Un brûlot punk et crade qui ne s'embarrasse d'aucune précaution, repoussant sans cesse les limites du scandale et osant à peu près tout en matière de dégueulasse, de subversion, et de provocation franche et assumée. À la fois malsain, absurde, parfois drôle, parfois à gerber, mais en tous cas jusqu'au-boutiste dans sa démarche. Un exercice particulièrement déstabilisant dans sa capacité à sauter du coq à l'âne (et de l'humour à l'horreur) aussi souvent que rapidement.


La première partie de "Bad Boy Bubby" (qui évoque aussi la formation d'un groupe avec un handicapé), en comparaison, est un moment guilleret, pétillant, et somme toute agréable à regarder. Ici, grosso merdo, Koen Mortier (ou l'auteur dont il adapte le livre) a choisi toutes les thématiques traditionnellement sujettes au consensus (handicap, homosexualité, sexisme, racisme) et se vautre dans la violence trash la plus totale. Les motivations du protagoniste, Dries, un écrivain cynique qui décide de se mêler à cette populace crasse, ne sont pas toujours claires, et le film se perd souvent dans des délires visuels (le concours musical) et violent (l'explosion finale) stériles. Mais on sait très bien qu'il s'en fout royalement... En nous passant des images à l'envers, en nous montrant un personnage cinglé (peut-être un peu plus que les autres) marcher au plafond et d'autres parlant après leur mort, et en terminant sur un générique défilant en sens inverse, le message est limpide.


Transgression à tous les étages, quel que soit le sujet, quelle que soit l'expression de la misère. Violent, dérangeant, stupide, ingrat, râpeux, haineux, malsain, et pourtant, "Ex Drummer" impose un pas de côté, par réflexe, pour se protéger, et provoque ainsi assez bizarrement un questionnement pour le moins inattendu sur toutes ces horreurs et sur le regard dont il nous a gratifiés.


Au sujet du morceau "Mongoloid" au cœur du film :
La version originale : https://www.youtube.com/watch?v=GZDl_R8Zp2E
Leur reprise : https://www.youtube.com/watch?v=eo_MZEPRDVs


[Avis brut #73]

Morrinson
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top films 2007, Avis bruts ébruités, Cinéphilie obsessionnelle — 2016 et Dernières bizarreries vues

Créée

le 26 mars 2016

Critique lue 943 fois

11 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 943 fois

11

D'autres avis sur Ex Drummer

Ex Drummer
guyness
4

Punk Floyd

Tiens, si on se faisait un petit catalogue punk flamand ? Alors disons: sang, pipi, caca, vomi, meurtre, viol, inceste, suicide, drogue, alcool, mort d'enfant, inceste, homosexualité, sodomie,...

le 14 déc. 2011

19 j'aime

14

Ex Drummer
Morrinson
6

Mongoloid, he was a mongoloid, and it determined what he could see

Parvenir à créer une "certaine" empathie pour de tels personnages, galerie de têtes malades et de bras cassés, dans une ambiance aussi destroy, trash, et provoc, c'est en soi un bel exploit. Un peu...

le 26 mars 2016

11 j'aime

Ex Drummer
oso
7

Le talon dans la vase

Ex-Drummer ou le requiem d’un percussionniste qui troque sa grosse caisse contre une misère humaine sur laquelle il se plait à tambouriner. Sans jamais laisser à son auditoire une minute de repos,...

Par

le 6 sept. 2016

7 j'aime

3

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

142 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11