Ex Machina compile les poncifs du genre de la science-fiction pour servir un huis-clos tiède. Références bibliques (l'intrigue se déploie sur 7 jours) et trio convenu, la réflexion sur l'intelligence artificielle atteint vite ses limites. Au contraire, le film semble plutôt proposer un mauvais remix moderne d'histoire de princesse séquestrée à délivrer du méchant barbu.
Caleb est mystérieusement sélectionné pour passer une semaine dans la demeure design de son boss, perdue dans une forêt luxuriante. Vous voyez le propos peu subtil d'accoler la nature primaire aux joyaux de la technologie. À partir de là, n'attendez pas plus du reste du scénario, la subtilité ne semble pas faire partie du cahier des charges. Personnages, intrigue, couleurs, tout est saturé et n'offre aucune nuance.
Le boss de Caleb se montre insupportable de bout en bout. Répliques désagréables, comportement évasif et malsain; le sombre homme dégoûte de bout en bout et chacune de ses apparitions signe le début d'une scène laborieuse. Enfin, on se rend vite compte qu'il est imbuvable car il n'est pas considéré comme un homme blanc par le scénario. Alcoolique, pervers et violent, voici ce qui semble décrire l'homme non blanc. Et c'est là que Caleb arrive en sauveur de l'humanité.
L'objectif de Caleb ne sera pas tant percer les secrets de la femme robot campée par Alicia Vikander. Au fil de ses discussions avec elle, il découvre que son boss la séquestre et lui veut du mal. De fait, notre homme blanc hétérosexuel construit en opposition au non blanc (gentil, sobre, bienveillant etc...) s'érige en sauveur de notre princesse des temps modernes ! On souffle légèrement mais pourquoi pas, s'il noue des liens avec cette cyborg. Spoil, pas vraiment. Le retournement de situation est prévisible, tandis que la nécessité de fuir précipite le scénario qui n'aura donc jamais le temps de leur offrir une relation intéressante.
On retiendra alors de Ex Machina seuls quelques décors percutants et surtout une occasion manquée d'un thriller technologique en huis-clos qui exposerait de réelles tensions et rapports de force entre ses personnages.