Ralentis, légers déplacements de la caméra en travelling, l'essence du cinéma asiatique à la fois héroïque et poétique réside en cette mise à jour des films de sabre Japonais. 
Il faut remarquer que le scénario ne fait pas dans l'originalité pure, mais compense largement en musclant son rythme et en proposant des scènes de « gun-fight » épiques qui subliment le code d'honneur et, il faut bien l'avouer, la classe naturelle de ces marginaux redoutés par la Loi. Coups de feu exhibant des nuées de fumée, effusions vaporeuses de sang et corps qui se déploient au ralenti, tous les ingrédients sont réunis dans la forme pour servir le contenu de fond. Celui-ci, suffisamment varié pour qu'on ne s'ennuie pas, fait rebondir ces (anti)héros de péripéties en péripéties, jusqu'à l'ultime scène, dantesque, digne d'un Scarface.
Ainsi, la justesse avec laquelle est filmée l'existence de marginaux brutes au coeur tendre laisse pantois autant qu'admiratif. Précisément, il s'agit bien de contemplation, sentiment dans lequel Johnnie To veut nous induire, de gré, ou de force.