Par ici la sortie ?
Juste après En Boucle et sa... boucle temporelle aux allures un brin feelgood, voici venir Exit 8 proposant quant à lui, a priori, une infernale boucle spatiale.Si ça, ce n'est pas une...
le 4 sept. 2025
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Exit 8 s'ouvre sur une belle séquence en vue subjective. Son héros y découvre l'anomalie spatiale dans laquelle il vient de se coincer : on traverse des couloirs de métro d'apparence anodine, en tournant à gauche, puis à droite, puis à gauche, puis à droite, pour revenir sur nos pas, et ainsi de suite, plusieurs fois et... c'est bluffant. Outre le fait que je n'ai aucune idée de comment on filme ça, cette séquence évoque un sentiment d'étrangeté perturbante qui m'a efficacement mis dans l'ambiance.
Puis, pendant environ une heure et demie, on s'ennuie un peu. Le film repose à 100% sur l'engouement internet récent pour les espaces liminaires (liminal spaces) : des lieux vides ou abandonnés - généralement des espaces de transition - qui suscitent chez certains une vive anxiété, car on les découvre hors du contexte dans lequel ils sont normalement observés. Si vous ne faites pas partie des gens que ça terrifie, attendez-vous à vous emmerder sévèrement, car le film n'a pas beaucoup plus à offrir et se permet un rythme traînant.
Ce rythme vous est principalement imposé par son protagoniste, qui passe la moitié du film à faire des crises d'asthme, haleter, tousser ou respirer lourdement en se raclant la gorge. Et vous vous demandiez pourquoi on a plus de films avec des héros asthmatiques, Exit 8 va vous le faire comprendre, encore et encore, sans aucune putain de raison, puisque lorsque notre héros perd son inhalateur, le script semble oublier qu'il avait de l'asthme. L'autre particularité de ce protagoniste est qu'il marche... très.... lentement.
Toute la tension du film repose sur le fait que lorsqu'il croise une anomalie dans ces couloirs de métro récurrents, il doit tourner les talons et revenir sur ses pas, ce qu'il fait avec une affligeante lenteur, plutôt que piquer un petit sprint comme le ferait n'importe quelle personne prisonnière de cette boucle surnaturelle.
Pire, chaque fois qu'il s'engage dans LE corridor où surviennent toutes les anomalies et se retrouve confronté à un phénomène inattendu (la lumière s'éteint, un bruit assourdissant, une porte latérale qui s'ouvre sans raison), il n'a qu'une chose à faire : courir en sens inverse pour se mettre à l'abri de l'anomalie, mais pour les besoins du scénario, il reste toujours immobile comme un teubé pour bien nous en faire profiter de la tension du moment.
Sauf que la tension, elle s'est envolée pendant la première demi-heure du film, quand on a compris que rien ne pouvait lui arriver, que les anomalies n'étaient ni agressives ni dangereuses, et que le plus gros risque était de se paumer pendant quelques tours, le temps de comprendre qu'il faut bien regarder autour de soi plutôt qu'essayer de speed-run le machin.
o o o
J'en profite pour préciser qu'Exit 8 est adapté d'un jeu vidéo à la première personne dans lequel on fait exactement la même chose : essayer de repérer des anomalies pour se sortir de la boucle. Et le film exploite bien l'héritage ludique en faisant de nous des acteurs de cette recherche de bizarrerie. À chaque boucle, je scrutais chaque détail à la recherche d'une anomalie, et le film m'a piégé une ou deux fois en me pointant un truc que j'avais sous le nez sans l'avoir remarqué.
Là où ça fonctionne moins bien, c'est que les personnages sont trop couillons pour jouer le jeu, et passent leur temps à gâcher des tours en traversant les couloirs trop vite. Et ça semble les exaspérer encore plus que moi, parce qu'ils finissent par claquer leur sac par terre, se rouler en boule et hurler des gros mots en japonais - mais frère, regarde autour de toi au lieu de péter un câble.
Le film lance aussi quelques pistes d'interprétation, avec un discours sur le métro-boulot-dodo, une quête de rédemption du héros qui découvre son courage et sa fibre paternelle, et une vague thématique de punition et de purgatoire. Il y a sûrement moyen de bricoler des théories de sous-texte en grattant un peu, mais hormis un ennui persistant, le film a tellement échoué à me faire ressentir quoi que ce soit (peur, empathie, tension) que je me sens peu enclin à lui chercher du sens.
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Créée
il y a 7 jours
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