Exit 8
6.3
Exit 8

Film de Genki Kawamura (2025)

Juste après En Boucle et sa... boucle temporelle aux allures un brin feelgood, voici venir Exit 8 proposant quant à lui, a priori, une infernale boucle spatiale.


Si ça, ce n'est pas une coïncidence...


Les notes du Boléro de Ravel donnent immédiatement les clefs de l'oeuvre : un motif sans fin répété. Que ce soit en musique, via différentes familles d'instruments, ou à l'écran, via plusieurs personnes coincés dans ce labyrinthe diabolique.


C'est comme cela que Exit 8 évite l'immobilisme de sa répétition : en changeant de point de vue. De manière subjective tout d'abord, pour nous faire investir sa bulle et épouser ses premiers pas dans ce couloir de métro indistinct et anonyme.


Pour ensuite brutalement nous arracher aux pas de ce premier personnage, autant pour le suivre que nous investir nous-mêmes, dans le confort de la salle obscure, dans la traque de ces anomalies.


Et changer de figure au passage, comme si chacun des personnages auxquels Genki Kawamura s'intéresse était incapable de réellement communiquer. Faisant écho à la séquence initiale dans ce métro bondé, foule d'anonymes identiques et somme d'individualités farouches, égoïstes et isolées.


Quant à ce couloir de métro coudé, similaire à tous les autres, carrelé de blanc, orné de quelques cadres, et ourlé de quelques visions horrifiques fugaces, il semble évoluer dans une infinie spirale. Avant de se muer en ruban de Möbius. Mais la simplicité du dispositif de Exit 8, si elle menace parfois de lasser, se relance de manière brillante pour offrir une véritable expérience de cinéma.


Et laisse peu à peu place à la libre interprétation de celui qui se perd dans ces méandres souterrains.


Simple adaptation d'un concept d'origine vidéoludique ? Sorte de purgatoire ? Traduction toute japonaise de l'Enfer de Dante ? Malédiction ? Mise en pratique de multiples réincarnations ? Ou plus littéralement, mise en image d'une société nippone exsangue qui menace d'imploser dans son cycle sans fin métro / boulot / dodo ?


Et si Exit 8 n'était, finalement, que l'expression de l'étroit couloir de notre existence dont on serait pour toujours prisonnier ? Cette vie toute tracée et routinière qui finit par nous peser et suscite l'anxiété dès lors qu'un choix ou un changement se profile ? Cette indifférence face au monde qui nous entoure ?


De telles interrogations ne peuvent que démontrer toute la richesse d'Exit 8. Mais une fois le générique final en train de défiler à l'écran, un doute nous étreint soudain : a-t-on seulement envie de trouver la sortie de notre propre purgatoire ?


Behind_the_Mask, qui cherche en vain le quai 9 ¾.

Behind_the_Mask
8
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