Regarder ce film mythique dont il faut s'efforcer à oublier le mythe, ce n'est pas chose aisée tant Hedy Lamarr (Hedy Kleiser à l'époque encore) illumine de sa grâce la pellicule. Quelle belle femme. On comprend tout de suite la fascination qu'elle exerça.
Le film évolue sur un rythme très lent. J'ai eu d'abord quelques craintes à ce sujet dans les premières minutes parce que le traitement du mariage et de l'ennui qui en découle m'a profondément ennuyé. Quand Eva (Hedy, vous permettez que je vous appelle Hedy?) part à la campagne chez son vieux, le film prend une hauteur rafraîchissante. La caméra guillerette également prend des libertés fort réjouissantes. Machaty élabore alors quelques plans séquences avec, si ce n'est de l'originalité, au moins une audace et une recherche qui donnent une teinte avangardiste et couillue des plus intéressantes. Certains cadres sont très jolis. Bucoliques et jolis. L'usage du symbolisme donne une coloration érotique étonnante.
Peut-être que le montage serré et répétitif, un peu trop répétitif lasse un peu dans ces moments-là. Ce n'est plus la lenteur du dispositif qui indispose c'est sa lourdeur, qui rend le visionnage ennuyeux. La mise en scène assène le même discours, le serine encore et encore. Inutilement. Le manque de coupe se fait sentir de manière maladroite. Dommage. Le soufflet retombe souvent dans ce film. Dommage, vraiment parce que certaines scènes sont très belles, certaines idées sont très bonnes. Il y a des plans géniaux parfois qui vous cueillent littéralement. Et le cinéaste de les répéter, foutant votre enthousiasme en l'air en moins de deux. Tssss...
Bref un film sur le désir de se faire sauter, sur la culpabilité engendrée. La fin moralisatrice est d'ailleurs un poil convenue et simplette, me semble-t-il. M'enfin, pour l'époque, c'était peut-être plus évident.
Un film qui aurait pu être grandissime.