Je viens de le voir au cinéma avec ma cousine V, indignée de son état. Il nous a beaucoup plu. Petite liste de ce qui m’a déplu et de ce qui nous a plu.
Il s’agit donc d’un portrait de Frantz Fanon sur une période restreinte, durant la guerre d’Algérie. C’est donc aussi et surtout une critique du colonialisme. On sent l’ambiance pesante de la guerre, du racisme (les blancs envers les arabes, les blancs envers Fanon, les arabes envers Fanon parce que noir/français), de la violence (jusque dans le cœur d’un tortionnaire dévoré de l’intérieur ou plus subtilement à travers les tags du Fln ou de l’Oas).
Et Fanon lui même… À la fois bienveillant, attentif, farouche, droit dans ses bottes, démocrate et humaniste jusqu’au bout des ongles, les seules faiblesses qu’on devine à Frantz sont son engagement trop intense qui lui font négliger sa famille et la mettre en danger, ainsi que son fléchissement à la fin du film face aux revers. C’est le Jésus venu sauver l’Algérie, sauf qu’il ne ressucitera pas.
Comme il est psychiatre, il est aussi question de son service de psychiatrie. Là aussi, les méthodes de Fanon sont d’un modernisme et d’un humanisme incroyables.
La réalisation est pas terrible — c’est rare que je la remarque. Des plans sont patauds, le réalisateur à l’air de se battre avec le cadre (le format d’image de 2,35 c’était peut-être trop large). Il y a des idées, parfois bonnes et parfois mauvaises, par exemple sur le traumatisme du crabe en Martinique (très moche, au passage) dont le sens m’échappe toujours.
On aimerait davantage voir sa femme, y compris après la mort de Frantz. Mince, je vais être obligée de lire des livres pour en savoir plus.
Ce qui nous a vraiment charmées, c’est surtout le discours anti-colonialiste qui passe en nous montrant cette violence bien réelle et dans un cercle vicieux (violence et sauvagerie des colons → violence de plus en plus sauvage des colonisés → les colons voient les colonisés comme des sauvages ce qui justifie encore plus de violence). C’est bien que les langues se délient sur ce sujet ; je n’ai pas honte de mon pays, mais j’ai honte du chauvinisme qui veut occulter ces horreurs.
Note pondérée : 6,8