L'imagination et l'art à leur paroxysme et dans toute leur perfection

De tous mes souvenirs d'enfance, ce film m'apparaît comme un des plus forts et des plus marquants.
J'ai toujours ressenti une fascination pour le rythme musical de la narration d'une histoire, même sans bande-son pour l'accompagner, et je pense que c'est "Fantasia" qui a forgé cette sensibilité dès mon plus jeune âge.


L'ambition du projet, apporter la musique classique à un jeune public et lui apprendre à l'aimer à travers l'animation et les images, c'est bien sûr quelque chose dont je n'étais pas consciente enfant, mais qui a clairement rempli son office (même si il m'a surtout dirigé vers l'appréciation des BO de films et de jeux vidéo).


Un point intéressant sur lequel j'ai réfléchi en revoyant ce film, c'est la liberté accordée à la mise en scène de la musique. Bien sûr, il y a la vision du compositeur d'origine, mais elle peut se matérialiser de tellement de façons différentes selon les sensibilités, l'expérience et la culture, comme ce film en atteste. Je crois que c'est quelque chose qui me marque aussi aujourd'hui, la liberté artistique dans les interprétations possibles, une liberté vaste et infinie.
"Fantasia" est unique dans sa vision, qui n'a rien de définitive, mais offre une interprétation de toute beauté par les artistes de l'époque, figée à jamais dans le temps.


Vous pouvez refaire tous les grands classiques de Disney en version-live si vous les souhaitez. Ce n'est pas recommandé vu la qualité des produits, mais c'est possible. Sauf "Fantasia".
"Fantasia" restera à jamais intouchable et entouré d'une perfection formelle, à laquelle il est impossible de toucher ou de reproduire à l'identique.


Chaque note de musique évoque en moi un certain mouvement, un certain décor, une certaine émotion, imprimée dans mon esprit. Il s'agit évidemment d'un film que j'ai revu nombre de fois, mais au-delà du souvenir de l'enfance, il y a la musique, simplement, qui rythme aussi bien le film que notre vie, même si nous ne l'entendons pas toujours.


Deux séquences m'ont particulièrement marquée, et je considère encore plus que toutes les autres comme intouchables et parfaites à tout point de vue.


"Le sacre du printemps" d'Igor Stravinsky, qui nous décrit l'origine de la vie. On ne peut s'empêcher de se sentir insignifiant face à l'immensité des forces qui ont forgé la terre, la violence et la destruction des éléments (je crois que c'est à cause de "Fantasia" que j'ai une telle peur des tsunamis), et bien sûr les dinosaures, ces étranges créatures dont je connaissais le nom de chacune, créatures quasi-mystiques comme des licornes ou des dragons, mais qui ont pourtant bien foulé le sol de notre terre, il y a bien longtemps.


Une seule séquence la surpasse et la surplombe, le cauchemar qui nous est décrit dans "Une nuit sur le Mont Chauve" de Modeste Moussorgski, heureusement suivi ensuite pour nous ramener à un rêve plus paisible par "Ave Maria" de Franz Schubert, qui vient simplement conclure le film sans autres formes de crédits, terminant sur une note parfaite.
Ce démon trônant au sommet d'une montagne incarne le mal absolu, et pourtant se montre dans une telle majesté qu'il est impossible de ne pas ressentir une sorte de fascination. Le ballet infernal qu'il préside ensuite,... je ne pense pas qu'il pourrait y avoir une autre interprétation à cette musique lugubre et qui vient vous glacer l'âme.
Heureusement, la lumière revient peu à peu, pour renvoyer le Mal dans son sommeil profond, invisible mais toujours là, attendant son heure. Néanmoins, pour l'instant, la lumière vient nous réchauffer, nous rassurer et nous envelopper de sa protection.
Les démons sont puissant, terrifiants, éternels et fascinants, mais ils peuvent être repoussé dans leurs ténèbres.
Une séquence superbe et inoubliable, qui m'a terrifiée dans mon enfance, et qui fascine toujours autant aujourd'hui, tant l'imagerie et la musique se marient à la perfection.


Tout le monde devrait voir "Fantasia", sincèrement. C'est parfois un peu long (tout de même deux heures), mais faites quelques pauses entre les séquences pour mieux vous en imprégner de chaque, et laissez vos yeux, votre esprit et vos oreilles être envahi par cette magie et cette osmose parfaite entre musique, animation et narration.


Une des meilleures représentations de l'art et de l'imagination humaine, dans toute leur splendeur.

Therru_babayaga

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