Ménage à fond
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Fantôme utile, on croirait par moments un film de Quentin Dupieux, tant il est difficile de ne pas penser à Rubber. On y suit, en récits enchâssés, deux histoires de possession d'un aspirateur par un fantôme. L'un d'eux est la femme défunte d'un des protagonistes, qui revient par fidélité envers son mari. L'occasion pour des plans malicieux où les raccords entre l'humain et la machine se multiplient pour mettre en scène des rapports anormaux.
Car c'est aussi de cela qu'il est question, de cette fameuse âme, et pourrait-elle aussi bien habiter un objet inanimé qu'un corps humain? Car c'est finalement l'âme (anima en latin), qui fait qu'un corps n'est pas seulement un objet inerte, ou une mécanique vide de sens. Donc, peu importe le corps? Ce n'est pas l'avis des moines bouddhistes de ce film, en tout cas.
Fantôme utile est une comédie, pas de celles où l'on rit franchement, mais plutôt de celles qui utilisent l'absurde. Un absurde qui est aussi la situation en Thaïlande. Dès le début, la métaphore politique est évidente. Des corps figés apparaissent à l'écran, avant qu'on ne comprenne qu'il s'agit en fait de la création d'une fresque, symbolisant les aspirations du pays, avant qu'en un plan l'usure s'empare du monument. Les illusions ont fait long feu. Comme partout, on démolit pour construire un grand centre commercial, et à cette occasion la poussière s'insinue partout. Et avec la poussière, les fantômes qui n'y sont pas encore retournés.
Difficile d'entrer plus avant dans le détail, mais avec ces plans qu'on pourrait imaginer venir d'une adaptation de 1984, et l'utilité finalement trouvée, comme nous indique le titre, à ce fantôme bienveillant, le récit entre dans une trame ouvertement politique, où ce n'est plus seulement une métaphore, aussi évidente soit-elle.
Le film évolue donc et change radicalement ses enjeux, ce qui est bienvenu et lui confère une force nouvelle. Mais c'est là qu'il faut s'arrêter, de peur de trop en révéler.
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le 7 sept. 2025
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