Fast and Furious par babelard

Si chaque film est une profession de foi, ce premier Fast and Furious s’assume comme gardien de temple. Du virilisme certes, mais il ne trompe personne. Le seul leurre est de prétendre à une démarche radicale et jusqu’au-boutiste, déjà le titre révèle une envie de crier fort : il est en fait très sage et s’inscrit plutôt dans une lignée classique, hormis 2-3 excentricités notamment lors des courses de bagnoles. J’aurais aimé le voir franchement rapide et furieux, mais sa timidité l’indispose et frustre. Les hommes virils ne le sont jamais vraiment, c’est à la fois le sujet et la faiblesse du conte (la quête impuissante). D’ailleurs Paul Walker, d’abord furious, ensuite fast, a du mal à ajouter de la sueur mâle à sa beauté académique et se retrouve donc à sur-performer l’air ténébreux. Vin Diesel, d’abord fast, ensuite furious, brille par sa délicatesse sans effort. Les deux façons de jouer correspondent entièrement aux problématiques de leurs personnages, la direction est excellente ; les musiques étonnent aussi et réfléchissent intelligemment le ton, mais contribuent à une overdose trop confortable d’adrénaline. La fin est décevante, car l’un des deux personnages (le flic) sort nettement vainqueur du duel et la mise en scène l’acclame, simplement parce qu'il s'est montré plus raisonnable alors que le film, lui, ne l'est pas – conception malhonnête et superficielle de la vertu.