Deuxième Ozu, un peu court mais quand même riche. Ozu offre un portrait historique de la société japonaise de ces années-là (1930s), principalement je pense sur les rapports sociaux entre individus vis-à-vis d'un code moral qui vient encadrer ces rapports. Le frère qui apprend que sa sœur se prostitue la nuit dans le but de financer ses études et qui change radicalement de comportement avec elle, refusant tout motif d'explication et de compréhension par un code moral qui l'en empêche.
Je sais difficilement si Ozu se veut simple témoin de la société de son époque ici ou bien un partisan de celle-ci, il y'a quelque chose qui peut sembler conservateur dans la façon où les choses sont décrites mais une ambiguïté réside dans tout le film où une critique justement de cette morale qui vient structurer les rapports jusque dans l'intime des individus semble possible à des moments avec une fin où par l'intermédiaire de la sœur on semble se moquer de cette morale et de ce qu'elle amène (le suicide du frère), avec un simple "Tu t'es suicidé juste pour ça" "Espèce de mauviette". Les rôles s'inversent, c'est à son frère Ryoichi qu'Ozu décide finalement de faire porter la honte qui s'est construite pendant tout le film autour de Chikako.