J'ai beaucoup aimé le Caligula remonté de Thomas Negovan. Le film reste un mystère entier puisque la version originale du réalisateur Tinto Brass n'a jamais abouti par interdiction du producteur de l'époque. Celui-ci a préféré détourné les rushs et y inclure des scènes pornographiques non simulées pour mettre en avant son magazine X, ce qui aboutira à la version controversée de 1979. Negovan produit un résultat vraiment intéressant en utilisant un peu plus des 90 heures de pellicules tournées par Brass et permet de révéler l'intention du réalisateur à l'époque.
Le film retraduit bien la période que constitue la fin de règne de Tibère et celui de Caligula en mettant en avant les questionnements de l'époque et surtout en retranscrivant toujours plus démesurément le monde sexuel avec des mises en scènes impressionnantes et d'inspiration profondément surréaliste.
Le traitement de Caligula est remarquable puisque l'auteur prend le parti pris assez précoce de ne pas réutiliser les stéréotypes hérités des histoires sénatoriales romaines et toujours présents dans ces années 1970 d'un Caligula complètement fou qui régnait sans trop de sens. Loin de l'image d'un tyran ayant cédé à la folie, Brass met en scène les décisions de Caligula comme une série de provocations toujours plus importantes à l'égard des sénateurs romains et des élites dirigeants dans le but de souligner son pouvoir sur eux. Plus généralement, le traitement sur l'exercice du pouvoir est vraiment bien réussi.
C'est un très grand film érotique qui est livré par Negovan rendant au projet original toute son ambition et sa cohérence.