Ferrari
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Ferrari

Film de Michael Mann (2023)

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Le cul entre deux sièges (certes très confortables)

Le titre déjà prête à confusion: s'agit-il d'un film sur le bagnole ou sur le bonhomme qu'on nomme Ferrari? Force est de reconnaître que le film lui-même ne sait pas très bien non plus. Ce fut assez excitant, parfois émouvant, parfois subtil et souvent trop peu, un moment agréable au cinéma mais un peu longuet ; que peut-on dire de plus? Pas grand chose finalement; la critique l'aura déjà dit, Ferrari est une œuvre composite qui se retrouve le cul entre deux chaises, voire plus. Et si c'est là ce qui fait tout l'intérêt de la vie du despote Enzo Ferrari, c'est aussi la faiblesse de ce film, qui fait qu'on en sort sans en garder grand chose.

Alors que le biopic sur un grand patron italien joué par Adam Driver est déjà fait (House of Gucci) et le thriller sur fond de voitures de courses aussi (Ford v Ferrari), on attendait ce film avec un peu de peur de redondance, mêlée certes à de l'impatience quant au retour de Mann derrière la caméra, sur un projet qui lui tient à cœur qui plus est.

Finalement on se demande pourquoi. Certes c'est là une vie en elle-même passionnée, mais qui malheureusement multiplie les clichés du biopic au cinéma: soucis financiers, tragédie familiale, seconde vie, enfants morts ou cachés, etc. Mais le plus grand artifice de tous, et le plus impardonnable, est scénaristique: faire d'une seule course l'objectif du film et le dénouement de toutes ces intrigues. Ainsi l'inextricable vie d'un homme compliqué, porté par Adam Driver charismatique comme toujours, est comme rabaissée et mise au second plan de ce qui devient, en fin de compte, un film de bagnoles.

Pour ma part ce n'était pas ce que j'étais venu cherché, mais plutôt ce que je redoutais et ne voulais pas voir. Et tout le jeu d'Adam Driver et de l'implacable Penélope Cruz, la mise en scène souvent inspirée de Mann qui multiplie les points de vue inattendus, le décor splendide de Modène et des routes et collines d'Emilie-Romagne, ne peuvent entièrement sauver le film de cette déception. Alors si l'on observe la bonne partie centrale du film avec, il faut le reconnaitre, une certaine fascination, on est comme gêné devant cette longue séquence finale qui détonne et n'a rien à faire ici. Certes le stress est là, l'attente, le spectacle; mais la séance se termine sans avoir eu de fin appropriée servant de liant à toutes les choses prometteuses qu'on aura vu avant, mais plutôt avec une autre servant de liant à toutes les choses médiocres; c'est donc sur cette note-là qu'on sort de salle, une déception.

Gandoulfe
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le 14 janv. 2024

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