Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

Les temps sont à la célébration des villes espagnoles. « Eva en août » (2020), de Jonás Trueba, emboîtait le pas d’Eva, lors d’une déambulation estivale au cœur de Madrid. Après plusieurs courts remarqués, le premier long-métrage de Lucio Castro nous entraîne à Barcelone, dans le même climat d’ouverture aux rencontres et à la jouissance que favorise l’été. Mais c’est sur un homme, Ocho (Juan Barberini), que la caméra de Bernat Mestres centre ses longs plans fixes savamment composés, mais si animés que l’on y perçoit plus la mobilité que le statisme.


La question du temps, présente dès le titre et à travers une préoccupation visant le tournant des années 2000, s’impose rapidement comme centrale. Le montage, très subtil, traverse les époques, à l’occasion des rencontres successives qui mettent en contact Ocho avec un homme que son chemin croise obstinément, Javi (Ramon Pujol). Rencontres électriques, qui provoquent de longs déversements verbaux, avant ou après la jonction des corps. Ces échanges évoquent les partenaires, masculins ou féminins selon les époques, et font apparaître la profonde connivence qui unit ces deux hommes, même si leurs destins ne sont pas d’emblée noués.


Les allées et venues dans le temps ne suivent pas un fil purement chronologique, mais sont finement amenées par des parenthèses s’ouvrant à la faveur d’une conversation ou d’un jeu d’échos d’une scène à l’autre. C’est ainsi un mode très mental qui semble présider à l’organisation du scénario. Même volonté de naturel dans le traitement de la lumière qui, bannissant les projecteurs, fluctue au gré des nuages et illustre la fragilité de l’existence, la mutabilité des choses et des liens.


Le réalisateur d’origine argentine livre ici un film débordant de sensibilité, tout entier centré sur le frémissement du monde.

AnneSchneider
7
Écrit par

Créée

le 19 sept. 2020

Critique lue 663 fois

7 j'aime

2 commentaires

Anne Schneider

Écrit par

Critique lue 663 fois

7
2

D'autres avis sur Fin de siècle

Fin de siècle
mymp
7

20th century boys

D’abord des petits riens, d’abord Ocho qui débarque à Barcelone, qui se perd, investit l’appartement qu’il a loué, se balade le soir, drague en ligne, se branle un peu. Regarde les gens, mange en...

Par

le 21 sept. 2020

5 j'aime

Fin de siècle
Cinephile-doux
5

Au remps pour eux

Les 13 premières minutes de Fin de siècle sont muettes. Il y a juste un homme, un argentin à Barcelone, qui entre dans un appartement, marche dans la rue, se rend à la plage où il remarque un autre...

le 21 sept. 2020

3 j'aime

Fin de siècle
HenriMesquidaJr
7

Critique de Fin de siècle par HenriMesquidaJr

Un jeu subtil avec le temps qui se dévoile peu à peu et qui est le cœur du film. C'est une histoire délicate sur la jeunesse et ses peurs et une réflexion douloureuse sur la maturité condamnée à la...

le 22 oct. 2021

1 j'aime

Du même critique

Petit Paysan
AnneSchneider
10

Un homme, ses bêtes et le mal

Le rêve inaugural dit tout, présentant le dormeur, Pierre (Swan Arlaud), s'éveillant dans le même espace, mi-étable, mi-chambre, que ses vaches, puis peinant à se frayer un passage entre leurs flancs...

le 17 août 2017

77 j'aime

33

Les Éblouis
AnneSchneider
8

La jeune fille et la secte

Sarah Suco est folle ! C’est du moins ce que l’on pourrait croire lorsque l’on voit la jeune femme débouler dans la salle, à la fin de la projection de son premier long-métrage, les lumières encore...

le 14 nov. 2019

73 j'aime

21

Ceux qui travaillent
AnneSchneider
8

Le travail, « aliénation » ou accomplissement ?

Marx a du moins gagné sur un point : toutes les foules, qu’elles se considèrent ou non comme marxistes, s’entendent à regarder le travail comme une « aliénation ». Les nazis ont achevé de favoriser...

le 26 août 2019

71 j'aime

3