Vertigineux.

C'est le seul, l'unique mot qui vient à l'esprit après visionnage de ce long métrage d'animation dont on ne peut ressortir que le souffle coupé, hors d'haleine, les jambes tremblantes, les yeux vitreux, la tête tournant comme un carrousel détraqué, perplexe, hagard, émerveillé - peut-être -, mais désorienté, privé de tous repères, sans trop savoir ce à quoi on vient d'assister mais avec une vraie conviction : celle d'avoir vu (vécu ?) quelque chose d'inédit, une expérience optique et stylistique sans précédent. Kaléidoscopique, stroboscopique, hystérique, épileptique... Jusqu'à l'overdose, éventuellement.

Dès lors, pour le spectateur tétanisé, la séance se joue à quitte ou double : soit il se laissera arrêter par l'action non-stop, les références (pas si nombreuses, pourtant) à un jeu auquel il n'a pas joué (le film est une suite directe de l'exceptionnel épisode VII), l'absence d'intrigue décente et le caractère extrême des parti-pris visuels, soit il mettra ses a priori de côté avec ce qui subsiste de son esprit critique pour se laisser happer et goûter sans complexe ce divertissement pur, spectaculaire, excessif et baroque, tendance blockbuster schizophrénique.

Entre combats hallucinatoires et courses poursuites échevelés, aussi : la quête de rédemption d'un personnage écorché vif tout en non-dits et en retenue autistique, auquel silences et doutes finissent par conférer une belle et tragique épaisseur.


Pour habiller l'ensemble : les superbes thèmes du jeu revisités et réinterprétés avec toute l'emphase de rigueur, ainsi qu'une poésie glaciale, aseptisée, semi-inconsistante mais définitivement salutaire... Des images magnifiques, stylisées, idéelles... Un rythme presque indécent.


Un film qui, a trop en faire trop, ne peut faire l'unanimité, bien sûr, mais qui réussit haut l'épée là où son prédécesseur avait échoué !