Fortress
4.7
Fortress

Film de Stuart Gordon (1992)

À l’origine budgété à hauteur de 70 millions, Fortress avait tout d’un blockbuster calibré pour Arnold Schwarzenegger. Suite à la défection de l’acteur préférant tourner Last Action Hero de John McTiernan, l’enveloppe fut rabaissée à seulement 10 millions. Cela peut surprendre, mais Stuart Gordon était bien le choix numéro un de la star autrichienne après avoir été recommandé par sa doublure Peter Kent, qui avait tenu le rôle d’un zombie dans Re-Animator. Le cinéaste se retrouvera donc plus ou moins dans la même situation qu’à l’époque du studio Empire, à devoir livrer un gros film de science-fiction avec des moyens dérisoires comparés aux ambitions du projet.


Saint Christophe


Le plan B est alors enclenché, et c’est Christophe Lambert qui reprendra la place du taulard laissée vacante. Auréolé d’un césar pour son interprétation dans Subway de Luc Besson, l’acteur français s’était également construit une carrière à l’international grâce au Highlander de Russel Mulcahy. Dans le courant des années 90, le comédien amorce néanmoins sa descente vers le monde du DTV pour des cinéastes tels qu’Albert Pyun ou Deran Sarafian. Son interprétation en demi-teinte témoigne d’une année prolifique et d’un emploi du temps particulièrement chargé cette même année (Highlander le retour, Max & Jérémie, Face à Face).


Dans un futur dystopique, la Terre est devenue surpeuplée. Le gouvernement doit donc réguler le taux de natalité afin d’éviter de creuser encore davantage le déficit social. Mais il en faut bien plus que cela pour décourager les grosses feignasses et les cas sociaux qui ne veulent pas travailler et bénéficier des allocations familiales. John Brennick et sa femme vont se faire pincer lors d’un contrôle au poste frontière et êtres condamnés à perpétuité pour avoir daigner bafouer les règles en voulant avoir un deuxième enfant suite à la mort de leur premier né. Et comme le gouvernement ne sait plus quoi faire de tous ses indésirables, il les envoie croupir dans une prison de haute sécurité dont il est impossible de s’évader.


Évidemment l’établissement est très mal fréquenté, les hommes doivent casser des cailloux toute la journée en supportant les sempiternelles leçons de morale de l’ordinateur central qui leur rabâche à longueur de temps que «le crime ne paie pas», avant de devoir se reposer dans des dortoirs à l’inconvenante promiscuité. Le directeur ne leur laisse jamais aucun répit, pas même dans les bras de Morphée, puisque les fantasmes y sont prohibés. Pas d’attouchement sexuel non plus donc, c’est l’amour viril, le vrai et il n’y a pas de place non plus pour l’homosexualité, même refoulée. Seule la violence permet de nouer des rapports et d’occuper ses journées. Mais John Brennick ne saurait s’y résigner, c’est pourquoi il va tenter de s’échapper avec d’autres codétenus afin de confronter l’horrible directeur des lieux qui cherche à séduire sa femme.


1984 en prison


En reprenant les codes et artifices fondamentaux des films carcéraux (des prisonniers doivent s’unir pour lutter contre l’institution despotique qui ne cesse de bafouer la condition de l’homme) Stuart Gordon s’en tire comme un chef avec cette commande. Après avoir visité plusieurs pénitenciers de haute sécurité, le cinéaste est parvenu à pallier le manque d’environnement en variant les différents axes de prises de vue. La forteresse souterraine culmine ainsi à des hauteurs qui paraissent tout bonnement vertigineuses. Vincenzo Natali s’inspirera de la topographie mobile et hi-tech pour ériger sa propre prison labyrinthique dans Cube.


Fortress charrie également son lot de séquences spectaculaires et exaltantes telles qu’un violent crêpage de chignon entre prisonniers, des tortures infligées par le biais de puces implantées dans les intestins qui menacent de sauter à tout moment, ou des corps réduits en charpie sous l’effet des sulfateuses ennemies. Si le film assume pleinement son argument de série B, l’intrigue pointe les dérives d’un totalitarisme d’État (difficile de ne pas penser à la Chine avec sa politique de l’enfant unique). Ce sous-texte politique tend à faire de Gordon le dauphin d’un certain Paul Verhoeven avec lequel il partage ces débordements gores et outranciers, ces motifs sexuels ambiguë (la seringue d’Herbert West dans Re-Animator qui permet de donner la vie, la glande pinéale de From Beyond, le robo-bite de Macanudo dans Space Truckers) et ces élaborations de fresques science-fictionnels dystopique (Robot Jox).



T’aimes l’odeur du blaster fumé au petit déjeuner ? Tu rêves de pouvoir voyager à travers d’autres dimensions afin de quitter ce monde de cons ? Rends-toi sur L’Écran Barge où tu trouveras toute une liste de critiques dédiées à l’univers de la science-fiction, garanties sans couenne de porc.

Le-Roy-du-Bis
7
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le 6 juin 2024

Critique lue 25 fois

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Le Roy du Bis

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