« Truman Capote » s’illustre, « Le Stratège » éblouit et « Foxcatcher » émerveille. La bibliothèque des faits divers de Bennett Miller empoigne le succès. Ce dernier volet traite des relations humaines d’un trio gagnant, malgré les aspects sinistres qu’il suggère.


Techniquement, ce film nous offre les plus beaux plans possibles. Tout reste significatif, la scène d’ouverture décrit bien ce fait. La relation fraternelle entre Mark (Channing Tatum) et Dave (Mark Ruffalo) Schultz s’exprime pour lancer le contexte froid et ambigu entre ces champions de lutte.


Le scénario tient à son souffle psychologique très percutant. On remanie les codes du thriller pour rendre l’atmosphère à son état d’origine. On insiste suffisamment sur le point de vue sportif pour ne pas laisser la passion s’enveloppe dans le décor ou bien comme support. Toute la trame tient en une étude de caractère à exploiter.


Mark vit dans l’ombre de son frère. L’envie d’évoluer, de vaincre et de s’illustrer individuellement l’a amené à rencontrer le richissime John du Pont. Ce dernier reste constamment confus sur le plan émotionnel. Le pervers narcissique qu’il représente est magnifiquement porté par la performance de Steve Carell.


Le tout tient en une attention visuelle et réfléchie. Le sens prendre vie aussi bien dans la forme que le fond. Un cadrage symbolique nous le rappelle constamment où chaque détail a son importance. Une information qui se prononce dans le silence vaut mieux qu’une narration trop théâtrale, d’où l’exemple du langage corporel adopté ici. Les plans statiques appuient ce propos et renouvelle le contexte de couleurs sombres et niais.


On pourrait sous-entendre un jeu de pouvoir, mais on est loin du compte. Le trio se juge peu à peu pour identifier une référence, en s’adaptant ainsi de suite à l’autre. L’environnement hypnotise alors nos décisions, nos jugements. La mise en scène écrasante vis-à-vis des personnages ne nous inviter à nous joindre à l’action, mais nous invite à la contemplation. Ce n’est pas faute d’expliquer certaines notions de liberté.


« Foxcatcher » est une leçon du 7ème art qui peut, d’ailleurs, se résume en une lutte où les personnages se battent pour une passion, voire une obligation qui les détruit peu à peu…

Cinememories
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le 11 juin 2017

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