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Avec Frankenstein, Guillermo del Toro ne signe pas seulement une relecture du mythe de Mary Shelley, mais une méditation sur la création elle-même, celle de Dieu, du père, de l'artiste.


Le réalisateur explore encore une fois ses thèmes de prédilection: la paternité, la solitude, la quête d'humanité. Sa créature est une sorte de Pinocchio tragique, miroir de notre besoin d'appartenance, de reconnaissance. Del Toro revisite le mythe avec une profonde tendresse, accordant à son monstre une profondeur émotionnelle qui dépasse l'horreur.


Sur le plan visuel, le film d'une splendeur picturale. Every frame a picture comme on dit !

La photographie de Dan Laustsen évoque les clair-obscurs du Caravage, les jeux de lumière sculptent les visages. Les costumes et les décors baroques participent à cette composition picturale ou les couleurs évoquent autant que les mots.


Derrière ce raffinement, pourtant, se joue un drame profondément humain, construit comme un dialogue en deux actes, entre le créateur et sa créature, chacun cherchant en l'autre un sens, une rédemption, un amour impossible.


La créature est interprétée avec une grande justesse par Jacob Elordi, qui incarne avec justesse cette tension entre innocence et douceur. Son jeu, tout en retenue, presque spectral, fait de la créature un être déchiré entre la pureté et la rage.


Reste une pointe d'amertume de ne pas pouvoir découvrir ce film en salles, à la mesure de sa beauté plastique. Et, paradoxalement, une autre limite naît de cette beauté elle-même: Tout y est si maitrisé, que le film perd parfois un peu de ce désordre organique et qui l'éloigne de l'émotion brute.

Korleone
8
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le 11 nov. 2025

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