Oscar du meilleur documentaire en 2019, Free Solo (rien à voir avec Han) raconte la préparation d'Alex Honnold, qui s'apprête à grimper El Capitan, un rocher de 900 mètres de hauteur situé dans la vallé de Yosemite, dont la paroi est entièrement verticale, et où il fait ça à la seule force de ses mains, sans aucune aide.
Si l'ascension du roc ne dure que quinze minutes dans le film, ça a duré près de 4 heures dans la réalité. Avant cela, on raconte la vie de ce jeune homme taciturne, vivant dans une caravane, et dont la vie entière est consacrée à l'escalade en solo. Même s'il sait qu'il risque de mourir d'une chute, comme c'est le cas de nombreuses personnes ayant pratiqué ce sport, il ne semble pas avoir peur, ni mesurer les risques qu'il prend. Non, son plaisir est la grimpette, aux dépens de sa petite amie qui respecte malgré elle les désirs de son copain.
D'ailleurs, on voit plusieurs passages du documentaires qui sont consacrés à leur couple, où on voit que Alex Honnold est clairement inadapté à la vie à deux, comme on le voit quand ils emménagent dans une maison, et qu'il est incapable de faire du café. Il y a tout un passage assez sidérant dans un hôpital, non pas qu'il ait des problèmes de santé, mais parce qu'il veut voir si son cerveau est intact car il se rend compte lui-même qu'il n'a que peu d'émotions !
Fait original pour un documentaire, un des réalisateurs, Jimmy Chin, lui-même grimpeur, a clairement une part active dans l'histoire, au point qu'à un moment donné, Alex Honnold se sent gêné d'être constamment filmé. Le procédé va être que, quand il va tenter la grimpette, il sera filmé depuis la terre ferme ou à partir du sommet, mais surtout, de loin, pour ne pas le déconcentrer.
Tout ça, c'est très intéressant, mais quand on fait un documentaire sur l'escalade, on veut voir des l'escalade. Et c'est clairement là que le bat blesse, car il y a clairement une volonté de faire de la belle image, avec la musique incessante de Marco Beltrami, et pire que tout, pour quelqu'un comme moi qui suis sensible au vertige, je n'ai eu que très peu de fois les mains moites. Du coup, je repensais au film de Robert Zemeckis, The walk, où, malgré le fait que ce soit une fiction, je perdais des litres d'eau quand Philippe Petit traversait le World Trade Center.
En fait, le seul moment vraiment flippant du documentaire ne concerne pas Alex Honnold, mais une archive, où on voit un alpiniste grimper à mains nues, et rater sa prise, et il chute. Sauf qu'il avait un parachute et a pu être sauf : là, j'avoue que je ne faisais pas le malin.
C'est clairement bien emballé, une énième histoire de courage et de confiance en soi, mais en fin de compte, c'est plus la personnalité d'Alex Honnold qui m'intéresse que le documentaire, ce qui est en soi un problème.