http://www.youtube.com/watch?v=65y9H7JAaK0

Il y a eu plusieurs films traitant de la violence au cinéma. Un des plus efficaces à mes yeux est Straw Dogs (les chiens de paille) de Sam Peckinpah.
J'ai toujours tendance à comparer le thème avec ce film. Les deux histoires sont de bases assez similaires, deux époux allant passer des vacances dans un endroit retiré, en contact avec la nature (on rajoute juste un gosse chez Haneke, augmentation du malsain sans doute).
Selon les mots du réalisateur de Funny Games, le but était de faire interroger le spectateur sur sa réaction face à la violence habituelle, celle des médias.
La violence chez Peckinpah est plus humaine, pas moins dure pour autant, au contraire. On y voit un Dustin Hoffman, intello pacifiste convaincu, être confronté à des êtres aux comportements primaires mais surtout à son propre comportement. Même l'être le plus civilisé qui soit peut tomber dans le cercle de la violence. La confrontation va jusqu'à nous. A quel moment la violence de Dustin Hoffman se justifie ? Comment aurait-on réagi ? On ne peut vraiment avoir un avis simple et tranché, c'est aussi complexe que dans la réalité, dans la vie.

Pour en revenir à Funny Games, l'histoire de base tiendrait d'un fait d'hiver. Haneke avait entendu parler de nombreux jeunes issus de milieux relativement aisés, en venir à de la violence sans autre but que de se divertir, de voir ce que ça peut faire. Deux garçons qui semblent de bonne famille, jouent à un jeu de la violence et nous prennent à leur jeu, non indirectement comme dans Straw Dogs mais bien directement avec des apartés au spectateur.
On est pris à parti, et pas n'importe lequel, celui du camp des protagonistes ayant lancé le jeu. De simple voyeur, persuadé de connaître la fin du film on passe à participant. C'était un peu trop selon moi, l'idée était intéressante mais la façon d'y arriver un peu grotesque, autant que le short du type. Les apartés peuvent être utiles dans certains films, ici ils m'ont totalement fait décrocher. La télécommande passe également assez mal. La famille ne pourra rien faire pour changer le cours des choses...au cas où vous ne l'auriez pas compris.

C'est le gros reproche que j'ai à faire, sans doute le seul mais il est de taille à mes yeux. Les acteurs sont forts efficaces, des réactions très humaines. Le choix de la musique, John Zorn et Mike Patton surtout, est excellent et tombe souvent aux bons moments. Pour ce côté là, l'humour du plus mince des deux jeunes, on a un peu l'impression de voir American Psycho.
La façon dont la violence va s'accentuer, le motus operandi des deux "protagonistes" est bien efficace. Le côté malsain qui est bien recherché, quand il n'est pas démoli par les apartés.
Il y a aussi le silence d'une scène que je trouve bien marquante, autant éviter de la décrire pour ne pas gâcher le film mais elle doit être facile à reconnaître.

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le 1 juin 2011

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Ciné Water

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