Je sors tout juste de la salle est je me faisais cette réflexion, Furiosa est-il un Best of de la saga Mad Max. Furiosa n'invente ne rien et n'en a pas la prétention, il reprend des éléments des anciens épisodes et synthétise tout ce qui a fait qu'on a aimé cette série mythique qui a initiée l'imagerie Post-Apocalyptique au cinéma. Furiosa est un peu le miroir du premier Mad Max, on assiste dans les deux cas à un récit de vengeance implacable de deux êtres broyés par le monde barbare qui leur a tout pris. Si j'ai retrouvé toute la nervosité de Fury Road dans les scènes d'action et l'esthétique léchée donnant corps à l'univers complètement barré de George Miller, j'ai retrouvé dans Furiosa l'esprit nihiliste qui baignait les deux premiers opus et qui avait quitté la saga pour s'orienter vers le délire Pop Corn plus consensuel. En effet Furiosa n'y va pas avec le dos de la cuillère dès le début du film, la violence y est montrée de manière frontale, les différents protagonistes faisant preuve d'un sadisme particulièrement radical, une chose particulièrement étonnante dans le paysage cinématographique aseptisé qu'on nous propose depuis plusieurs décennies. Et c'est ça qui fait à mon sens de Furiosa un grand film, George Miller ne cherche pas à plaire à la plèbe, il pousse sa vision jusqu'au bout, il ne fait aucune concession et bordel que ça fait du bien de voir un vrai film de cinéma au lieu d'un produit commercial sans ambition, sans saveur et sans objet. Les acteurs s'en donnent d'ailleurs à cœur joie, une mention spéciale pour Anya Taylor-Joy ébouriffante en guerrière vengeresse irréductible et à Chris Hemsworth qui se délecte à chaque seconde de son rôle de leader aussi ridicule que foncièrement cruel (un rôle qui m'a d'ailleurs beaucoup fait penser au Negan de The Walking Dead). Tour à tour intense, brutal, cruel, drôle, émouvant et jamais à court d'idées audacieuses, Furiosa se présente comme le bilan d'une saga culte commencée en 1979 débutant avec un anti-héros vengeur de la route et s'achevant avec une anti-héroïne vengeresse de la route. La boucle est donc bouclée avec panache, respect et un grand merci à George Miller pour avoir inventé le récit Post-Apo sur grand écran.