C'est qu'on nous en a déjà servi à toutes les sauces des films sur la seconde guerre mondiale! Mais, Fury est à part. D'emblée, le point de vue du film est inédit. Réaliser un film qui aborde la guerre d'un tank est non seulement audacieux, mais aussi très malin. Ce choix scénaristique prend délibérément le spectateur en otage et le force à vivre en direct la lâcheté d'un combat entre machines où les hommes aux commandes perdent temporairement leur humanité. Brad Pitt mène la danse avec brio en Sergent tourmenté mais blindé, à l'instar de son tank. En miroir avec le jeune novice sensible de son équipe, le personnage de Pitt incarne les blessures violentes et irréversibles que la guerre laisse sur le psyché d'un homme. Le reste de l'équipage, hélas, tombe un petit peu dans le cliché: le chrétien dont la foi est mise à l'épreuve, le bourru brusque qui s'avère être gentil, le rigolo loyal, ect. Le résultat final n'en n'est cependant pas moins explosif! Baladé de scène en scène, de champ de bataille en champ de bataille, le spectateur n'a pas le temps de comprendre ce qui lui arrive et finit inévitablement crasseux et vidé.