L'idée de faire un film de guerre concentré sur les blindés et spécialement ici le M4 Sherman américain est clairement une réussite. David Ayer ici met très bien en valeur l'importance des blindés pour l'armée alliée. Les scènes de combat méritent à elles seules d'aller voir ce film, tant la scène avec le Tigre allemand notamment est de qualité. Pour cela, Fury rentre dans la catégorie des bons films de guerre.
Mais David Ayer n'a pas réussi à éviter les défauts des films de guerre depuis 15 ans. Toujours le même scénario. Des vétérans - un jeune bleu - une bataille finale ou la victoire est impossible - le bleu est le seul à survivre. Ce manque d'originalité vient vraiment gâcher ce film.
Porté par des acteurs qui, s'ils ne sont pas géniaux, s'en sortent bien, même s'ils ont un peu trop la larme à l'oeil à mon gout. Shia Labeouf notamment est très bon dans son côté soldat-pasteur un peu cinglé. Et Jon Bernthal pourrait jouer un cousin de Robert de Niro dans Raging Bull sans problèmes. Le physique et le côté gentil crétin sont bien là. Quant à Logan Lerman, on lui demandait de faire le jeune bleu - effrayé - un peu idéaliste - intelligent - musicien - timide - qui finit par suivre aveuglement son chef / héros / nouveau père spirituel, enfin bref le bon stéréotype du jeune soldat dans le cinéma américain quoi, et il y arrive sans être exceptionnel.
Puis on arrive à Brad.
Brad tout puissant, le beau, le musclé, le cicatrisé, le vrai vétéran, Brad l'empaleur de SS, Brad l'insensible devant ses hommes mais en fait très sensible parce que faut rappeler que c'est la guerre et que la guerre c'est moche, bref le héros hollywoodien. Comme en plus le gars parle allemand pour faire le gentleman avec une allemande tout en se rasant parce que Brad ne peut pas rester sale (ça c'est le rôle de ses copains du tank), on est quand même dans un très beau stéréotype. Mais bon comme c'est Brad ça passe. Les filles le trouvent trop beaux, les mecs sont jaloux de sa forme, rien de nouveau.
Brad est américain, Brad est un soldat vétéran, et du coup quand arrive 300 SS et que lui n'a qu'un tank immobile et 4 copains forcement, il ne recule pas, il se pose là et attend la bagarre. Il est comme ça Brad. Et le pire c'est qu'à chaque fois ces copains et nous aussi un peu, ba on reste avec lui, même si on sait tout comment ça va finir. C'est ça le film de guerre américain.
Pour finir, tout le monde meurt. L'un prend une balle dans l'oeil, l'autre s'ouvre le ventre avec une grenade, l'autre avec un missile anti-char. Des morts un peu sanglantes quand même. Mais pas Brad. Brad lui il prend deux balles dans le torse, ça se voit à peine, et a le temps de faire un beau discours pour le jeune bleu avant de mourir. En plus, après, quand les allemands font sauter des grenades dans le char pour être sûr qu'il n'y en pas plus aucun qui bouge, on se dit qu'il ne reste plus que de la charpie d'américains.
Naïfs que nous sommes. C'est Brad. Tu vois un réalisateur abîmer le visage de Brad ? Impossible. Du coup Brad est toujours entier, on dirait qu'il dort, à peine une éraflure au menton. Salauds de SS quand même.
God save America. Et le visage de Brad.