Un bon petit polar oldschool à la française dont le principal atout se trouve être les relations humaines qui y sont dépeintes. Gas-oil met en avant cette fraternité à toute épreuve qui liait les hommes d'un même corps de métier et du même attachement au coin qu'ils habitent. Gabin y incarne un routier de la campagne, dont les valeurs sont celles de l'amitié et la bonne bouffe, qui se fait empoisonner la vie par un trio de malfrats parisiens (toujours les mêmes ! :D). Il pourra compter sur l'aide de ses collègues aux caractères entiers pour faire entendre raison aux énervés de la gâchette débarqués de la capitale.

Gas-oil est vraiment passionnant dans son intrigue, car même si cette dernière n'est pas spécialement étonnante au niveau de son déroulement, elle paraît crédible parce qu'elle n'est pas exagérée. On est devant une tranche de vie authentique, irradiée d'une bonne humeur communicative. Toutes les scènes où ces messieurs sont attablés pour profiter de bons petits plats sont exquises et s'apprécient comme une bise fraîche en période de canicule parce qu'elles savent être simples.

Gas-oil est aussi l'occasion de se régaler de truculents dialogues signés Audiard. Comme à son habitude, il inonde le film de punchline très fleuries qui filent la banane. C'est fou comme des dialogues fleuris permettent de mettre en valeur un film et ses acteurs. Il faut dire que Gabin les délivre avec une classe naturelle qui ne peut qu'inspirer chez le spectateur un sentiment de nostalgie. Ces bonnes vieilles trognes au charisme ravageur manquent cruellement au cinéma français, comme la plume d'Audiard d'ailleurs. Ces deux ingrédients suffisaient à eux seuls pour faire de Gas-oil un film qui inspire une sympathie immédiate chez quiconque est réceptif à son ambiance authentique quelque peu cynique.

La réalisation de Grangier est efficace sans être tape à l'oeil, ni dans la démonstration technique. Le bonhomme soigne ses plans et emballe de jolies séquences, en milieux peu éclairés, au moyen d'un photographie précise. Il se plait également à faire découvrir ses acteurs via leurs reflets à travers des jeux de miroir inspirés qui font mouche. Gabin qui situe ses agresseurs par l'intermédiaire de son rétro, c'est chouette d'un point de vue graphique en plus de fonctionner pour rendre la scène plus immersive.

Une vraie bouffée d'air frais et surtout un plaisir non retenu. Ce qui est assez surprenant avec ce genre de film, c'est qu'on sait qu'on n'est pas en face d'un chef d'oeuvre, le script est un peu trop léger pour cela, mais c'est proposé avec une telle envie de faire plaisir, une telle application, qu'on passe un excellent moment et qu'on a le sourire aux lèvres quand le mot FIN, dont la typo typique d'une époque révolue finit de nous charmer, apparaît au centre de l'écran.

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le 15 mars 2015

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